Les cotes de crédit du Québec et d’Hydro-Québec abaissées
Agence QMI
Les déficits à répétition ont un prix: la cote de crédit du Québec établie par l’agence Standard & Poor’s (S&P) a été abaissée, mercredi, passant de AA- à A+.
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La province de Québec a été rétrogradée en raison de «déficits d’exploitation persistants», souligne S&P, qui explique qu’une «conjonction de facteurs, dont le ralentissement de la croissance démographique, la hausse des dépenses salariales et la baisse des revenus, devrait affaiblir la situation financière du Québec au cours des trois prochaines années, avec des déficits d’exploitation persistants et d’importants déficits après immobilisations».
S&P souligne que ces facteurs étaient présents même avant l’incertitude économique accrue liée aux tarifs douaniers.
Cette décote survient après que le ministre des Finances eut dévoilé, en mars, un déficit record de 13,6 milliards $.
«Les perspectives stables reflètent nos prévisions selon lesquelles la province continuera de produire des déficits d’exploitation et d’importants déficits après immobilisations au cours des deux prochaines années, ce qui entraînera une augmentation de la dette financée par les impôts à 218% des revenus d’exploitation d’ici l’exercice 2028», souligne S&P.
Hydro-Québec aussi décotée
L’agence a également abaissé la cote de crédit d’Hydro-Québec, qui passe aussi de AA- à A+.
S&P souligne que le plan de décarbonation de la province nécessitera des investissements de 150 milliards canadiens de la part de la société d’État, ce qui fera augmenter le niveau de sa dette.
«Le 25 mars dernier, en dépit de l’incertitude associée aux politiques économiques américaines, nous avons déposé un plan de retour à l’équilibre budgétaire dans le respect de la Loi sur l’équilibre budgétaire. Nous allons mener à bien ce plan et réduire le poids de la dette à long terme», a commenté le ministre des Finances Eric Girard dans un communiqué.
Les contribuables écopent
«Ça démontre très concrètement que le gouvernement du Québec gère mal ses finances publiques. C’est un message très clair», dit Gabriel Giguère, analyste en politiques publiques à l’Institut économique de Montréal (IEDM).
La grande question n’était pas de savoir si ça allait arriver, mais quand, vu la succession de déficits de plus en plus importants au cours des quatre dernières années, souligne-t-il.
La dette nette du Québec est en ce moment de 235,8 milliards de dollars, et le gouvernement prévoit dans son budget ajouter 20 autres milliards $ en dettes pendant l’année en cours.
Les contribuables québécois paieront cette année 9,7 milliards en intérêt sur la dette, soit légèrement plus que le budget total du ministère de la Famille.
Le montant payé en service (intérêt) de la dette équivaut à 1 dollar sur 5 envoyé au gouvernement en impôt des particuliers, selon l’IEDM.
«Ce qu’on dit aux Québécois, c’est qu’on continue de s’endetter comme avec une carte de crédit, alors on doit payer de plus en plus d’intérêts. C’est de l’argent qu’on ne peut pas remettre dans les poches des citoyens, ou utiliser pour améliorer les soins de santé ou l’éducation», dit Gabriel Giguère.