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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

La Corée du Nord joue avec le feu nucléaire

Photo AFP
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2023-09-09T04:00:00Z
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Jusqu’où Kim Jong-un sera-t-il capable de demeurer rationnel? Son pays vient de lancer un sous-marin d’attaque nucléaire qui est probablement assez peu performant, mais qui accentuera la course à l’armement dans la région asiatique. Quelques jours plus tôt, l’armée nord-coréenne avait simulé une attaque nucléaire tactique. Les dirigeants nord-coréens pourraient finir par se croire quasi invincibles et, pour des raisons idéologiques tordues, ils pourraient lancer une attaque contre la Corée du Sud en pensant sincèrement gagner une telle guerre.  

1) La Chine pourrait-elle intervenir contre la Corée du Nord? 

Officiellement, la Chine s’oppose à la prolifération nucléaire. Mais ses agissements laissent penser qu’elle tire avantage d’une telle prolifération dans le cas de la Corée du Nord. La Chine accapare environ 90% du commerce extérieur de la Corée du Nord. Il lui serait facile de faire pression sur Kim Jong-un. Mais non, au contraire, le gouvernement chinois va envoyer à Pyongyang une délégation pour les célébrations entourant le 75e anniversaire de la fondation de la Corée du Nord. 

2) Quels avantages la Chine peut-elle espérer de la montée de la puissance nord-coréenne? 

Le fond du problème consiste à savoir jusque dans quelle mesure les États-Unis seraient prêts à soutenir leurs alliés de la région en cas de guerre nucléaire. Par exemple, il paraît douteux qu’un Donald Trump défende les alliés est-asiatiques des États-Unis dans pareille éventualité. Le lancement d’un sous-marin d’attaque nucléaire nord-coréen entretient le doute. Face à celui-ci, le Japon, la Corée du Sud et même Taïwan ne peuvent que songer à la possibilité de se doter eux-mêmes d’armements nucléaires. De tels armements rendraient moins nécessaire pour eux le parapluie nucléaire américain. Or, sans ce parapluie, les alliances entre ces pays et les États-Unis risquent de s’affaiblir. La Chine gagne donc, à court terme, à la nucléarisation de plus en plus forte de la Corée du Nord. 

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3) Le nouveau sous-marin nucléaire fait-il peser une réelle menace sur les États-Unis? 

La technologie utilisée par les Nord-Coréens semble provenir de vieilles technologies qui datent de l’ère soviétique. Le nouveau sous-marin nord-coréen pourrait être bruyant et peu fiable. Néanmoins, ce sous-marin marque un progrès.

4) Que cherchent les dirigeants nord-coréens? 

En renforçant la puissance de l’armée nord-coréenne, Kim Jong-un accentue ses appuis parmi les militaires. Un avantage, dans un pays dont la population est en général très pauvre et ravagée périodiquement par des famines. Par ailleurs, les dirigeants nord-coréens entretiennent le mythe que leur pays est menacé par l’invasion sud-coréenne. Le renforcement de la puissance militaire nucléaire conforte le sentiment de sécurité de la population. Enfin, Kim Jong-un a développé autour de lui un culte de la personnalité qui le fait passer pour une sorte de demi-dieu. Les avancées militaires du pays peuvent renforcer cette perception dans la population. 

5) Existe-t-il un risque de dérapage? 

Le plus grand danger est que les dirigeants nord-coréens finissent par croire leur propre propagande, un peu comme Vladimir Poutine a fini par croire la sienne. Les Nord-Coréens possèdent en outre des réseaux souterrains de bunkers, où une grande partie de la population pourrait se tenir à l’abri d’éventuelles attaques atomiques. Heureusement, le gouvernement chinois a indiqué les limites de son soutien à la Corée du Nord: il ne défendrait pas une Corée du Nord qui lancerait une attaque contre un autre pays. L’alliance entre la Chine et la Corée du Nord est uniquement défensive. Pour le moment. 

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