La contre-offensive ukrainienne

Normand Lester
L’Ukraine a révélé très peu de choses sur la façon dont elle entend s’y prendre pour reconquérir ses territoires occupés par les Russes.
C’est de bonne guerre. «Les plans aiment le silence», rappelle une vidéo ukrainienne récente montrant des soldats masqués et armés tenant un doigt devant leurs lèvres.
L’avenir de l’Ukraine est en jeu. Kyïv doit montrer à l’OTAN et à l’Occident qu’elle peut mettre fin à l’impasse militaire qui dure depuis près d’un an et percer les lignes russes pour reprendre au moins une partie de son territoire annexé par Poutine.
Tout indique que l’offensive ukrainienne a commencé. Même si les analystes militaires qui ont accès aux satellites-espions et aux communications interceptées attendent pour se prononcer d’avoir une idée plus précise de la situation.
Et la contre-offensive ukrainienne ne se limite pas aux opérations militaires conventionnelles. Kyïv mène aussi une guerre de l’information. Des émissions de télévision et de radio russes ont été piratées. Dans une de ces émissions, un imitateur de Poutine a déclaré que les forces ukrainiennes avaient envahi trois régions russes bordant la frontière.
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Points faibles des défenses russes
Sur le front est, les forces ukrainiennes ont avancé autour de Bakhmut, a déclaré la vice-ministre de la Défense Hanna Maliar, décrivant la ville comme «l’épicentre des hostilités».
De son côté, le chef du groupe de mercenaires Wagner, Prigojine, s’est moqué de la déclaration du ministère russe de la Défense selon laquelle l’avance ukrainienne avait été repoussée la qualifiant de «science-fiction cruellement absurde».
Dans la région de Donetsk, un blogueur militaire russe a écrit que les nouvelles sont d’heure en heure de plus en plus alarmantes, affirmant que les forces armées ukrainiennes sont beaucoup mieux organisées et coordonnées que par le passé. Un responsable prorusse de la République autoproclamée de Donetsk, avertissant même que «l’ennemi a réussi à nous mettre dans une position difficile».
Dans le sud, les analystes pensent que les chefs militaires ukrainiens visent à atteindre la côte de la mer d’Azov et ainsi couper le corridor terrestre que la Russie a établi vers la péninsule de Crimée, que le Kremlin a illégalement annexée en 2014.
Dommages collatéraux
Les Ukrainiens ont fait des gains dans la province de Zaporizhzhia où un important barrage et une centrale hydroélectrique ont été gravement endommagés par une explosion qui a submergé les zones à proximité des lignes de front. Les deux camps ont ordonné l’évacuation de dizaines de milliers de civils. L’Ukraine accuse les Russes d’avoir fait sauter le barrage tandis que le Kremlin affirme qu’un «sabotage ukrainien» a causé les dégâts à la structure qui ont provoqué les inondations.
Pour ce qui est de la centrale nucléaire voisine de Zaporizhzhia, l’Agence internationale de l’énergie atomique a déclaré qu’il n’y avait «aucun risque immédiat», mais a averti les belligérants de ne pas compromettre sa sécurité.
Quoi qu’il en soit, comme l’a dit Justin Trudeau hier, c’est «un autre exemple des conséquences horribles de l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie».