La compétence de Carney face à la folie de Trump
L’arrivée de Mark Carney secoue le monde politique et déstabilise Poilievre


Thomas Mulcair
Le plus récent sondage Léger a eu l’effet d’une bombe da ns le paysage politique canadien.
Avec Mark Carney à sa tête, le Parti libéral du Canada renaîtrait de ses cendres et prendrait une avance considérable au Québec: libéraux: 38%; Bloc Québécois: 24%; conservateurs: 22%!
L’éventuelle arrivée de Carney secoue déjà les fondations de la politique québécoise et canadienne.
Dans un contexte où Donald Trump menace d’imposer de nouvelles mesures tarifaires protectionnistes, l’économie est rapidement devenue la principale préoccupation des électeurs.
Il n’est donc pas surprenant de voir le NPD plafonner à 10% dans ce dernier sondage. La même dynamique est observable sur la scène provinciale, où Québec solidaire stagne également à 10%.
Si le NPD et QS défendent des valeurs de partage et de protection des plus vulnérables, largement partagées au Québec, en période de turbulence économique, la population cherche avant tout sécurité et stabilité, et non de nouvelles dépenses gouvernementales.
Qui est-il?
Mark Carney est l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. Il a occupé des fonctions de haut niveau aux Nations Unies en matière de développement durable et de lutte contre les changements climatiques.
Il a également dirigé l’un des plus grands fonds d’investissement privés au monde.
Issu d’un milieu modeste, Carney est né aux Territoires du Nord-Ouest, où son père était directeur d’école. Ayant grandi à Edmonton, il comprend bien les défis uniques de l’Alberta en matière d’exploitation des ressources et d’environnement.
Diplômé des prestigieuses universités Harvard et d’Oxford, il a même joué au hockey pour ces deux institutions. Plus canadien que ça...
Poilievre, polisson
Comme tous les chefs de l’opposition au pays, Pierre Poilievre tente de trouver sa place dans un paysage politique redéfini par l’ère Trump.
Pour lui, la situation est d’autant plus complexe que son adversaire de toujours, Justin Trudeau, s’apprête à quitter la scène.
Poilievre comptait faire de la taxe carbone son cheval de bataille, mais tous les candidats à la direction du Parti libéral l’ont abandonnée.
Le voir fulminer cette semaine contre Mark Carney, le qualifiant d’«élitiste» et de «globaliste», relevait du pathétique.
Les Canadiens, au contraire, accueillent favorablement l’arrivée d’un leader de la trempe de Carney.
À son propre CV, Poilievre ne peut inscrire qu’un seul mot: «politicien». Et il incarne un type de politicien polarisant, dans la lignée de Trump. Pas exactement une qualité recherchée par les électeurs en ce moment.
Priorité à l’économie
Lors de la campagne électorale de 2015, alors que j’affrontais Justin Trudeau, j’avais promis des budgets équilibrés, convaincu que c’était essentiel pour les générations futures.
Trudeau, lui, avait promis des déficits. Une des rares promesses qu’il a tenues.
C’est d’ailleurs la situation économique, avant toute autre considération, qui a poussé les électeurs à tourner massivement le dos aux libéraux de Trudeau et à leurs déficits colossaux.
Avec Mark Carney, tout cela pourrait bientôt changer.