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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

La chute d’un homme que l’on croyait respectable

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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2022-07-20T09:00:00Z
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« Un homme, ça s’empêche », disait le père d’Albert Camus.

Ça ne laisse pas le chemin libre à tous ses désirs, à tous ses fantasmes, à tout ce qui se passe entre ses deux oreilles quand sa raison éteint les lumières et va se coucher.

Eh bien, André Boisclair, lui, ne s’est pas empêché. 

Malgré tout ce qu’il avait à perdre.

Au contraire, il a ouvert les vannes et s’est laissé aller.

TOUT RISQUER

André Boisclair, qui a pris le chemin de la prison lundi, avait-il les mêmes comportements quand il était ministre de l’Environnement ? Chef du PQ ? On ne le sait pas.

Tout ce que l’on sait, c’est qu’il avait été relevé de ses fonctions de délégué à New York en septembre 2013 à la suite d’une enquête interne concernant son comportement erratique.

Des sources qui s’étaient confiées à notre Bureau d’enquête à l’époque parlaient de consommation de drogues et de la présence de jeunes dans la résidence de fonction. 

Bref, le bonhomme semblait être sur le party.

Malgré l’importance du poste qu’il occupait.

Ça m’étonne toujours, ça.

Des gens qui sont prêts à tout risquer, leur réputation, leur avenir, leur poste, certains même leur couple et leur famille, pour des trips.

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C’est comme si tu te transformais en loup-garou. Une minute, tu es une personne respectable sous tous rapports, la minute d’après, tu deviens une bête. 

Un violeur, un agresseur. 

Regardez le Français Nicolas Hulot. 

Le gars était pratiquement perçu comme un saint.

Producteur, animateur, écrivain, militant écologiste, ministre de la transition énergétique sous Macron, beau gosse, belle tête, les valeurs à la bonne place. 

Un héros de la gauche. 

Or, selon de nombreuses femmes qui ont pris la parole publiquement, l’homme serait un violeur en série. 

Rien n’a encore été prouvé, mais des enquêtes sont en cours. 

LE CORPS N’EN FAIT QU’À SA TÊTE

Dans Shivers (Frissons), son premier long métrage d’horreur qu’il a tourné à L’Île-des-Sœurs, le cinéaste canadien David Cronenberg montre ce qui se passerait si, du jour au lendemain, notre corps n’en faisait plus qu’à sa tête.

Si notre libido prenait le contrôle de nos vies. 

Si tous les êtres humains se mettaient soudainement à perdre le contrôle de leur instinct sexuel. 

Si, pour reprendre les mots du père de Camus, aucun homme ne pouvait dorénavant « s’empêcher ».

Eh bien, ça serait le bordel, l’anarchie. 

L’équivalent d’un film de zombies.

La société s’effondrerait, littéralement. 

Heureusement, dans la tête de la plupart des hommes et des femmes, il y a ce qu’on appelle le « surmoi » (la conscience, la raison), qui exerce un certain contrôle sur notre inconscient. 

Quand l’instinct sexuel s’affole, l’alarme se déclenche automatiquement et le « surmoi » fait partir les gicleurs qui éteignent la flamme du désir. 

Or, chez les agresseurs comme André Boisclair, les « gicleurs » ne fonctionnent pas. 

Quand la libido surchauffe, la conscience au complet prend feu et il n’y a plus rien pour éteindre l’incendie. 

Il faut que tu assouvisses ton désir. 

Il me semble que si tu sens ça en toi, tu consultes, non ?

Tu essaies de te « réparer » ?

Pour te protéger, toi et les autres ?

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