La chute boursière ne fait que commencer
Le Dow Jones a perdu 2,48%, l’indice Nasdaq a reculé de 2,55% et l’indice élargi S&P 500, de 2,36%

Francis Gosselin
Les bourses nord-américaines ont encore connu une journée fortement en baisse, plombées par les attaques persistantes de Donald Trump envers le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), et alors que les incertitudes autour de la guerre commerciale persistent.
Le Dow Jones a perdu 2,48%, l’indice Nasdaq a reculé de 2,55% et l’indice élargi S&P 500, de 2,36%.
1. Que s’est-il passé hier en Bourse?
Sans grande surprise, les principaux indices boursiers américains étaient en chute de près de 3% à New York hier.
Ces temps-ci, les semaines se suivent et, étrangement, commencent à se ressembler.
Le marché va mal. Donald Trump blâme Biden. Les Chinois. Jerome Powell. Le 51e État. L’Europe. Les immigrants.
Résultat: le marché va plus mal encore. Et ça recommence.
L’incohérence et l’incompétence qui marquent la présidence de Donald Trump en matière économique n’engendrent qu’une chose: des indicateurs au rouge, des partenaires hésitants, et des investisseurs qui fuient les marchés américains.
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2. Que signifie l’expression «Sell America»?
«Sell America» est devenu un mot d’ordre parmi un nombre croissant d’investisseurs, aux quatre coins de la planète. Cela veut dire, en d’autres termes, de vendre les titres, les obligations et les actifs américains, et acheter ailleurs.
Ainsi, avant même l’ouverture des marchés durant le long week-end de Pâques, l’or atteignait un nouveau sommet à 3400$ l’once. Le pétrole – un bon indicateur de la croissance économique à court terme – battait de l’aile à 62$ le baril. Le dollar US perdait encore 0,5% de sa valeur contre la plupart des monnaies étrangères.
La présidence de Trump fait en sorte que, partout, on liquide l’Amérique.
3. Pourquoi tout le monde vend?
Historiquement, les investisseurs du monde entier ont alloué une partie de leurs placements au marché américain, réputé le plus sûr et le plus stable.
Historiquement, les États-Unis offrent un marché réputé fiable, une grande démocratie avec des institutions financières fortes et indépendantes, qui inspirent la confiance.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a tout changé.
Évidemment, les tarifs y sont pour beaucoup. Le fait que des élus américains croient légitime, d’un coup de crayon, de déchirer unilatéralement des décennies d’ententes de libre-échange a commencé à gruger la confiance.
La délégation japonaise, en visite à Washington la semaine dernière, est revenue bredouille. «On ne sait même pas ce qu’ils veulent, exactement.»
À vrai dire, il n’est pas clair que Trump le sache lui-même.
Au sein même de l’administration américaine, des failles importantes commencent à émerger, conséquences du leadership détraqué des Lutnick, Bessent et Navarro, des mensonges éhontés de la secrétaire de presse Karoline Leavitt, et de la destruction aveugle du DOGE d’Elon Musk.
En quelques semaines seulement, l’élimination de fonctionnaires chargés de superviser les banques (CFPB), la diminution des effectifs de l’Internal Revenue Service (le fisc américain), mais surtout, les menaces répétées contre la Réserve fédérale, minent la confiance de tous envers les États-Unis.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
4. Pourquoi Trump critique-t-il la Fed?
Dans plusieurs pays émergents, souvent menés par des régimes dictatoriaux ou autocratiques, il n’est pas rare de voir les dirigeants politiques fixer les taux d’intérêt.
À court terme, les électeurs ont tendance à aimer les taux bas, même si cela les appauvrit à long terme. En Turquie, en Argentine, en Hongrie et en Pologne, ces interventions ont mené à des épisodes d’hyperinflation, à des crises sur la dette et à l’effondrement des monnaies.
Cette recette destructrice, nous ne l’avions pas vue à l’œuvre dans une grande économie développée depuis les années 1980.
Que cela ait lieu dans la plus grande économie mondiale est... étonnant!
4. Quand est-ce que ça va s’arrêter?
Le principe sacro-saint de l’indépendance des banques centrales vise précisément à mettre en place des économistes compétents et, surtout, indépendants du pouvoir, afin de guider la politique monétaire.
À voir Donald Trump traiter le patron de la Fed de «loser» et lui reprocher sa «lenteur», on a l’impression que quelque chose ne tourne pas rond.
«Enlevez-lui son téléphone, quelqu’un», pouvait-on lire hier, en référence au président Trump.
Les États-Unis, étrangement, commencent à ressembler à une république de bananes, avec à leur tête un vieil homme confus et furieux.
La crise que nous vivons est une crise de confiance. Tant que Donald Trump et son entourage d’incapables seront en place, il y a fort à parier que l’effondrement économique qui en découle se poursuivra.