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La Chine mène des exercices militaires à la frontière de l’OTAN

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AFP

2024-07-10T17:46:25Z
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L’armée chinoise procède, cette semaine, à des exercices militaires avec les forces bélarusses, à la frontière de la Pologne et donc de l’OTAN, un signal adressé à cette organisation en plein sommet à Washington et dans un contexte de tensions sino-américaines.

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Ces manœuvres, présentées comme «antiterroristes», sont surveillées de près par les militaires polonais, car la Biélorussie est un très proche allié de la Russie, qui a envahi avec son aide l’Ukraine, soutenue militairement par l’Alliance atlantique.

«Le 8 juillet a eu lieu la cérémonie d’ouverture de l’entraînement militaire commun 'Assaut de Faucon – 2024' entre la Chine et le Bélarus, à Brest, au Bélarus», selon un communiqué du ministère chinois de la Défense diffusé mercredi.

De tels exercices avaient eu lieu dans les années 2010, mais c’est la première fois qu’ils sont organisés depuis le début, en février 2022, de la guerre en Ukraine.

«Les commandants des deux parties ont exprimé l’espoir d’améliorer les techniques de combat et d’approfondir la coopération et la communication entre les deux armées», selon le communiqué. Celui-ci précise que les manœuvres dureront jusqu’à la mi-juillet, mais ne dit mot du nombre des soldats chinois, sélectionnés au sein d’une brigade du 80e corps d’armée de l’Armée de terre.

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La diplomatie chinoise a assuré que les exercices ne visaient «aucun pays en particulier».

Le ministère bélarusse de la Défense n’a pas apporté plus de précisions, sinon pour dire qu’il s’agit de manœuvres «antiterroristes».

En Pologne, le ministère de la Défense souligne qu’il «surveille et analyse en permanence la situation».

«En dépit de l’annonce d’une participation à petite échelle des forces et des ressources de la République populaire de Chine, le ministère de la Défense voit bien le risque que ces opérations soient utilisées à des fins de désinformation et de propagande [...], à l’occasion du sommet de l’OTAN qui commence à Washington».

La guerre en Ukraine et le soutien occidental à Kyïv sont un sujet central de cette réunion qui s’achèvera jeudi.

Avec ces exercices, la Chine déploie donc des militaires à la frontière de l’Alliance atlantique, sur le territoire du plus proche allié de la Russie et voisin de l’Ukraine.

Pékin, également un partenaire de premier plan de Moscou, entretient aussi des relations de plus en plus tendues avec l’OTAN.

Signal stratégique

La date et le lieu ne sont pas choisis par hasard et la Chine veut faire passer un message, selon des analystes.

«Les exercices multilatéraux sont souvent utilisés pour envoyer un message politique, beaucoup plus que pour les exercices en eux-mêmes», analyse pour l’AFP Kelly Grieco, chercheuse au Stimson Center de Washington, une spécialiste notamment des alliances militaires.

Elle rappelle que la Chine a déjà effectué des exercices antiterroristes en Biélorussie à quatre reprises entre 2011 et 2018, mais rien depuis. Et le fait qu’ils se déroulent «à Brest, si près de la frontière [polonaise], fait partie du signal».

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«Le calendrier des exercices militaires communs est très pensé en fonction de l’agenda international. En avril 2023, les Chinois ont fait des exercices avec la Russie en mer de Chine orientale, à proximité d’îles japonaises, la veille d’un sommet trilatéral États-Unis–Japon–Corée du Sud pour signaler leur opposition à la tenue d’un tel sommet», renchérit Alice Ekman, une analyste responsable de l’Asie à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE).

L’autrice du livre Chine-Russie. Le grand rapprochement (Gallimard, 2023) cite aussi l’exemple de manœuvres militaires en mer de Chine méridionale en mai 2024, en pleine rencontre États-Unis–Japon–Philippines–Australie.

Outre sa proximité croissante avec la Russie, la Chine est de plus en plus hostile à l’Alliance atlantique, qui cherche, quant à elle, à se positionner face à Pékin sous l’impulsion de Washington.

La Chine n’a en outre jamais pardonné le bombardement en 1999 par un avion sous mandat de l’OTAN de son ambassade à Belgrade, et se souvient que cette alliance est déjà sortie de son périmètre géographique de l’Atlantique Nord, en Irak, en Libye, en Afghanistan.

L’OTAN est perçue par Pékin «comme clairement hostile pour des raisons historiques mais de plus en plus pour des raisons stratégiques, dans un contexte d’intégration de la menace chinoise à la réflexion stratégique de cette organisation», explique Mme Ekman.

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