La Chine lance des exercices militaires dans le détroit de Taïwan
Agence France Presse
Le ministère de la Défense de Taïwan a annoncé avoir détecté un navire de guerre chinois et 29 avions de chasse supplémentaires autour de l’île samedi, au premier jour d’exercices militaires de Pékin dans le détroit de Taïwan.
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Le parti communiste chinois «a délibérément créé une tension dans le détroit de Taïwan (...) ce qui a un impact négatif sur la sécurité et le développement économique de la communauté internationale», a indiqué le ministère, en précisant que le nombre de navires de guerre détectés autour de l’île à 16 h locales (8 h GMT) se montait désormais à neuf, et celui des avions de chasse à 71.
L’armée chinoise a lancé samedi trois jours d’exercices militaires dans le détroit de Taïwan, sur fond de tensions avec l’île après une rencontre aux États-Unis de sa présidente Tsai Ing-wen et du troisième personnage de l’État américain.
Ces manœuvres «servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l’indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices», a averti dans un communiqué un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi.
Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.
Taipei a estimé que ces manœuvres menacent la «stabilité et la sécurité» dans la région Asie-Pacifique.
Ces annonces font suite à la visite cette semaine de la présidente Tsai Ing-wen aux États-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des «mesures fermes et énergiques» en représailles.
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel.
La Chine considère Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Les États-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du «principe d’une seule Chine» défendu par Pékin.
Touristes et mer agitée
Depuis jeudi, Pékin accentue la pression militaire sur Taïwan avec l’envoi de navires de guerre et d’aéronefs dans le détroit.
La localisation exacte des nouvelles manœuvres n’est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels de lundi, qui auront lieu autour de Pingtan, le point de Chine continentale le plus proche de Taïwan.
La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres de large.
Depuis plusieurs jours, la Chine a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes dans le détroit pour des patrouilles exceptionnelles.
Vendredi, des journalistes de l’AFP à Pingtan ont aperçu un navire militaire et au moins deux hélicoptères militaires transiter par le détroit de Taïwan.
Il n’était toutefois pas clair si ces mouvements représentaient une augmentation du nombre habituel de patrouilles chinoises dans la zone.
«Se bercer d’illusions» -En août, Pékin avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île.
La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n’a rien de comparable avec l’été 2022.
Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi lors de son point quotidien de début de journée avoir détecté 13 aéronefs et trois bateaux de guerre chinois autour de l’île.
Ces manœuvres militaires interviennent au lendemain d’une visite d’État en Chine d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping.
«La conversation a été dense et franche» à ce sujet, a indiqué vendredi l’Élysée.
«Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d’illusions», a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d’une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.