La cheffe de la mission de l’ONU est à Goma pour la première fois depuis la chute de cette ville de la RDC

AFP
La cheffe de la mission de maintien de la paix de l'ONU en RDC (Monusco) s'est rendue jeudi à Goma, pour une première visite dans cette ville stratégique de l'est du pays depuis sa prise de contrôle fin janvier par le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda.
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Bintou Keita, représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU et cheffe de la Monusco «est arrivée à Goma pour une visite de trois jours, au cours de laquelle elle rencontrera les représentants de l’AFC/M23 afin d’échanger sur les priorités du mandat de la Monusco, notamment la protection des civils», a indiqué la mission sur X.
.@UN_BintouKeita est arrivée à Goma pour une visite de trois jours, au cours de laquelle elle rencontrera les représentants de l’AFC/M23 afin d’échanger sur les priorités du mandat de la #MONUSCO, notamment la protection des civils. pic.twitter.com/KfsjIiu1xt
— MONUSCO (@MONUSCO) June 12, 2025
L'Alliance Fleuve Congo (AFC) est l'alliance politico-militaire à laquelle appartient le M23.
«Je suis ici pour écouter et exprimer ma solidarité avec la population de Goma et avec le personnel de la Monusco. Votre résilience est remarquable», a-t-elle ajouté.
L'est de la République démocratique du Congo (RDC), riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des violences depuis plus de 30 ans. La situation s'est enlisée depuis la résurgence en 2021, du groupe armé M23 soutenu par Kigali et son armée, et qui s'est emparé de Goma fin janvier à la suite d’une offensive éclair.
La visite de Mme Keita à Goma intervient «avant son briefing au conseil de sécurité de l'ONU le 27 juin», a indiqué à l'AFP Sakuya Oka, une responsable de la communication au sein de la Monusco.
Mission jugée «inefficace»
Présente en RDC depuis 1999, la mission de maintien de la paix de l'ONU, jugée inefficace par les autorités congolaises, s'est retirée en juin 2024 de la province du Sud-Kivu, première étape d'un désengagement total prévu en trois phases. Goma est la capitale de la province du Nord-Kivu.
Avant le lancement de son désengagement, la Monusco comptait environ 15 000 Casques bleus.
Kigali nie soutenir militairement le groupe armé M23, mais affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés dans l'est de la RDC, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d'anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994.
Avec la prise de Goma (fin janvier) puis de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu (mi-février), les relations déjà difficiles entre la RDC et le Rwanda sont devenues exécrables.
Sur fond de conflit, le Rwanda s'est retiré dimanche de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), dénonçant une «dérive» de cette organisation en faveur de la RDC.
La veille, la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la CEEAC a prolongé d'une année supplémentaire le mandat du président équatoguinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogoa à la tête de l'organisation, alors que Kigali devait en prendre la tête.
Les voies de dialogue entre la RDC et le M23 tout comme entre Kinshasa et Kigali sont néanmoins fonctionnelles.
La semaine dernière, les médiateurs qataris ont présenté au gouvernement de Kinshasa et au M23 un projet de proposition de paix à l'issue d'un cycle de négociations au Qatar.
Dans le cadre d'un processus mené par les États-Unis, le Rwanda a assuré en mai qu'un accord de paix définitif avec la RDC, mettant fin à la crise, serait signé à la mi-juin à Washington.