La CAQ veut enterrer le mot «souveraineté», selon Paul St-Pierre Plamondon

Agence QMI
Bernard Drainville a été forcé de renier ses convictions profondes en échange de la promesse d’un poste de ministre, a suggéré le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, quelques jours après que le «père de la Charte» a fait le saut avec la CAQ.
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«Moi, je ne peux que le constater, et on le voit, avec des candidatures comme celle de Bernard Drainville, c'est également dans l'air du temps, de vouloir enterrer le mot en ‘’s’’, a dit M. St-Pierre Plamondon. On n'est plus capable de dire ‘’souveraineté’’, l'actualité, pourtant, nous rappelle constamment la nécessité, voire l'urgence, de faire du Québec un pays.»
Le chef du Parti québécois répondait alors à des questions sur le fait que sa formation politique n'avait pas été invitée à prendre la parole lors des festivités entourant le 100e anniversaire de René Lévesque lundi prochain, une problématique qui a été corrigée par les organisateurs en cours de journée.
Si M. Saint-Pierre Plamondon n’a pas voulu s’ingérer dans l’organisation de l’événement, il a néanmoins partagé sa déception à propos de la manière dont il se déroule jusqu’à présent.
«Je leur laisse (aux organisateurs) gérer l'événement. Mon constat, c'est que, pour un événement qui se voulait non partisan, il s'est dit beaucoup de choses extrêmement partisanes et décevantes», a-t-il soufflé.
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Il est incompréhensible que le Parti québécois et l’indépendance du Québec soient absents des célébrations de la mémoire de René Lévesque, a aussi dit le chef de la formation politique souverainiste. Mais, croit-il, cette absence est symptomatique de l’époque.
«D'un côté, il y a les gens qui disent: résignez-vous, ça n'aura jamais lieu. Puis il y a les gens qui se présentent en politique en disant: je ne suis même pas capable de vous dire que je suis indépendantiste, c'était ça, le prix, pour le comté puis le ministère qu'on me réserve, je n'ai pas le droit de vous le dire que j'étais indépendantiste», a-t-il déclaré.
Il est particulier, a aussi noté M. St-Pierre Plamondon, que des souverainistes répètent maintenant le discours que tient le Parti libéral depuis des années, selon lequel la question nationale est «dépassée».
Une question d'appétit
Quelques heures plus tard, le retour en politique de Bernard Drainville a provoqué des échanges au salon bleu entre les caquistes et les libéraux.
C’est le libéral André Fortin qui a lancé le bal en accusant la CAQ de s’éloigner des priorités des Québécois en mettant en œuvre sa «gouvernance séparatiste».
Le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barette, a alors accusé son homologue de chercher à diviser les Québécois, en faisant valoir que son parti «ouvre les bras à tous les Québécois qui veulent du changement». Puis, il a dit que le député Marc Tanguay avait milité dans le camp du «Oui» en 1995, et qu’il était alors «un fervent séparatiste». Il a même ajouté que les libéraux sont «jaloux» que Bernard Drainville se présente avec la CAQ.
Marc Tanguay a rétorqué que le premier ministre essaie de «recruter le ‘’dream team’’ de la séparation» plutôt que de se concentrer sur des enjeux plus urgents. Il a aussi accusé M. Legault d’avoir un «agenda caché», et de vouloir redonner le goût de la souveraineté aux Québécois, en recrutant Bernard Drainville dans ses rangs.
«[Bernard Drainville] a dit: Les Québécois (...) n'ont pas l'appétit pour la séparation. Là, il a arrêté de parler. Il aurait dû continuer de parler puis dire: bien, moi, j'ai été recruté par le premier ministre pour être le cuisinier en chef pour qu'ils aient l'appétit pour la séparation», a-t-il lancé.