Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

La CAQ ou le bateau ivre

Photo DIDIER DEBUSSCHÈRE
Partager
Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2025-08-11T19:30:00Z
Partager

J’écris cette chronique alors que les résultats de l’élection partielle dans Arthabaska ne sont pas connus. 

J’en traite quand même parce que cette élection me semble plus significative que d’autres.

On annonçait une lutte à deux dans un scrutin aux lignes de force assez claires.

Momentum péquiste? Percée conservatrice? Inexistence d’un effet «Pablo»? Marginalité «qsiste» hors des pôles urbains?

Pensez-y un instant: dans Arthabaska, le parti qui forme le gouvernement, et dont un membre important était le député local, ne faisait carrément pas partie de la discussion.

Bilan 

Si la CAQ n’est plus compétitive dans une circonscription taillée sur mesure pour elle — très francophone, très homogène sur le plan ethnique, semi-rurale —, où sera-t-elle compétitive?

Certes, la dernière élection fédérale enseigne que tout reste possible en politique, mais je ne résiste pas à la tentation de me demander ce que les historiens du futur retiendront du gouvernement de la CAQ.

Prenons de la hauteur: sommes-nous aujourd’hui mieux qu’en 2018?

Oui, indiscutablement, pour une seule chose: à la différence de Philippe Couillard, François Legault ne donne pas cette désagréable impression de regarder de haut son propre peuple.

Pour le reste, des ministres se sont démarqués en bien.

Simon Jolin-Barrette a livré beaucoup et du très bon.

Publicité

Christian Dubé semble avoir échoué, mais il a au moins essayé. Je l’ai écrit mille fois: le système de santé restera bloqué tant qu’on ne remettra pas en question les modalités de rémunération des médecins.

Bernard Drainville se démène comme un diable dans l’eau bénite dans un contexte où beaucoup semblent croire que l’école doit résoudre tous les problèmes. C’est trop lui demander.

Pour le reste, ce gouvernement de comptables léguera à ses successeurs la situation financière la plus compromise de toute l’histoire du Québec moderne et des fiascos pachydermiques: Northvolt, la SAAQ, le troisième lien.

Le cas Pierre Fitzgibbon — dont je ne connais aucun équivalent dans notre histoire — sera un jour utilisé dans les universités pour illustrer tout le mal que peut faire une personne trop sûre d’elle-même et à qui on donne trop de pouvoirs.

Globalement, la CAQ évoque, depuis la fin de la pandémie, le bateau ivre de Rimbaud.

La CAQ, au fond, fut au bon endroit au bon moment, avec les bons mots.

Tannés de l’affrontement entre des libéraux aplatis et des souverainistes impuissants?

Essayez-nous: on ramènera le bon sens, des progrès concrets, et on renforcera le Québec sans sortir du Canada.

Ambition 

François Legault y a-t-il cru lui-même ou disait-il simplement ce que tant de gens voulaient entendre?

La CAQ a-t-elle déjà eu un autre logiciel que l’ambition personnelle d’un seul homme et de ceux qui virent en lui le meilleur cheval à enfourcher dans les circonstances?

On ne peut que spéculer.

Chose certaine, quand on voit l’état du Québec et le retour de l’increvable débat sur la souveraineté, une conclusion s’impose à moi: nous avons perdu huit ans.

Publicité
Publicité