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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

La CAQ nous renvoie notre propre image

Photo d'archives Agence QMI, Mario Beauregard
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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2022-05-27T19:00:00Z
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Vous avez vu les résultats du sondage Léger publié ce matin dans nos pages?

Après un bref flottement, la CAQ se redresse et retrouve sa domination sans partage. 

Les autres partis sont aux abois.

Le PLQ en est réduit à manifester aux côtés des angryphones les plus jurassiques pour sauver ses circonscriptions du West Island. Hallucinant! 

Le PQ n’a même plus un électeur de base typique dont il pourrait dire: voilà MA clientèle.

QS sera chanceux de limiter ses pertes à Montréal. Le reste est sans doute déjà perdu.

Éric Duhaime reste cantonné à la région de Québec.

Reflet

On explique souvent la domination de la CAQ par le morcellement de l’opposition. C’est juste, mais il y a plus.

Je soupais récemment avec un couple de vieux amis. L’un d’eux, excédé, me fait une longue, longue, longue liste des erreurs de la CAQ.

Que des faits indéniables. Impossible de lui donner tort.

Et pourtant, voyez les chiffres. 

À mon humble avis, pour expliquer cette domination écrasante, il faut aller au-delà de la performance objective de la CAQ et des déboires des autres partis.

Pour le dire d’une formule, la CAQ est le reflet presque parfait de ce qu’est le Québec francophone d’aujourd’hui.

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La CAQ est un miroir dans lequel beaucoup de francophones se regardent et se reconnaissent.

La CAQ, c’est la paire de pantoufles ou le coton ouaté dans lequel on se glisse, le soir, avec un soupir de satisfaction.

Pas élégant, mais familier, douillet, pas compliqué.

La CAQ, c’est du comfort food. Pas de la haute gastronomie, mais du réconfort, du connu, du sûr.

Du bouillon de poulet, du pâté chinois, de la poutine, un bon «spaghatte».

Nous sommes le peuple qui dit «pas pire» au lieu de «belle».

Nous sommes le peuple qui dit «ça devrait faire la job».

Nous sommes le peuple pour qui «il y a toujours moyen de moyenner».

Nous sommes le peuple du juste milieu, du refus des secousses, du refus des grandes colères, du refus de l’audace.

Nous sommes le peuple qui n’a pas trop d’ambitions, car il a appris à la dure que de grandes ambitions peuvent entraîner de grandes déceptions.

Nous sommes le peuple qui pense que «trop fort casse».

Nous sommes le peuple qui fuit «la chicane», parce que nous avons perdu toutes nos grandes chicanes.

Nous sommes un peuple plus fort en paroles qu’en actes, qui aboie mais ne mord jamais méchamment.

Nous sommes fiers, mais pas trop, et si ça ne nous met pas à risque.

La gouvernance de la CAQ, c’est exactement cela.

Déclin

D’un côté, l’indépendance du Québec est perçue par beaucoup comme trop radicale, demande trop d’audace et de courage.

De l’autre, le fédéralisme rampant du PLQ répugne, parce qu’il rappelle notre passé de porteurs d’eau. 

À mi-chemin, le nationalisme symbolique et cosmétique de la CAQ fait l’affaire.

Évidemment, la CAQ fait semblant de ne pas voir le déclin programmé du Québec français. 

Mais nier l’évidence criante, c’est nous également.  

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