La CAQ largue ses Espaces bleus
Le réseau de 17 lieux culturels et muséaux annoncé en 2021 ne verra jamais le jour

Marc-André Gagnon
Après le Panier Bleu, c’est au tour des Espaces bleus de passer à la trappe. Le réseau de 17 lieux culturels et muséaux que François Legault voyait comme son legs culturel ne verra finalement jamais le jour, en raison de dépassements de coûts.
• À lire aussi: Le Panier Bleu cesse officiellement ses activités
«J’ai fait le constat difficile qu’il est temps de passer à autre chose», a confié le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, dans une entrevue accordée au quotidien Le Soleil.
M. Lacombe pointe notamment du doigt la surchauffe des coûts de construction, qui a contribué à faire exploser les coûts des quatre projets déjà en chantier. Promis en pleine pandémie, le réseau des Espaces bleus devait être déployé dans chaque région du Québec.
- Écoutez l'entrevue avec Pascal Bérubé, député de Matane-Matapédia du Parti Québécois, à l’émission de Sophie Durocher via QUB :

Annoncé en grande pompe en 2021 par sa prédécesseure Nathalie Roy en compagnie du premier ministre, le réseau impliquait un investissement initial d’environ 260 millions $. Mais les coûts des travaux amorcés à Québec, Baie-Sainte-Paul, Amos et Percé ont depuis subi d’importants dépassements, a confirmé le cabinet du ministre de la Culture à notre Bureau parlementaire.
Trois fois plus cher
En entrevue à TVA Nouvelles, M. Lacombe a estimé qu’il en aurait coûté au moins un milliard de dollars pour compléter le réseau dans l’ensemble des régions du Québec.
«Je pense que c’est mieux de prendre ces sommes-là et de les réinvestir dans d’autres projets culturels qui existent», a indiqué le ministre.
À Québec, la facture du chantier du pavillon Camille-Roy-du-Séminaire-de-Québec, qui devait abriter la maison mère du réseau, approche désormais de la barre psychologique des 100 millions $, soit deux fois plus que ce qui était prévu au départ, selon ce qui a été rapporté.

À Baie-Saint-Paul, les coûts ont aussi doublé pour atteindre près de 60 millions $. À Percé et à Amos, les coûts ont également augmenté de quelques millions de dollars.
Les travaux dans ces quatre bâtiments patrimoniaux se poursuivront, mais sans porter le nom d’«Espace bleu».
Leur vocation «sera revue afin d’y développer des projets structurants et répondant aux besoins des communautés concernées», a expliqué le cabinet du ministre Lacombe.
«L’objectif reste le même, on veut que notre culture rayonne davantage, partout au Québec», explique-t-on.
Un «fiasco», selon QS
Le député solidaire Sol Zanetti demande au ministre de la Culture de redistribuer l’argent promis qui n’a pas encore été dépensé aux musées déjà existants dans toutes les régions du Québec.
«Fin du Panier Bleu, fin des Espaces bleus, la CAQ commence à comprendre que son marketing tape-à-l’œil n’impressionne personne! Le gouvernement a enfin pris la décision qu’il aurait dû prendre il y a des mois en mettant fin au fiasco des Espaces bleus», a réagi le député de Jean-Lesage.
«C’était une mauvaise idée, ça coûte beaucoup d’argent, c’était demandé par personne et on a des musées partout au Québec qui avaient besoin de financement pour faire ce qu’ils font bien», a commenté de son côté le député péquiste Pascal Bérubé.
«C’est une mauvaise utilisation de l’argent public pour créer un réseau parallèle qui n’était pas nécessaire», a-t-il déploré.