La CAQ et le sous-sol de mes parents
On tente de faire entrer le carré québécois dans le cercle canadien...


Richard Martineau
C’est aujourd’hui que l’über ministre Jean-François Roberge nous présentera son nouveau modèle d’intégration des nouveaux arrivants.
Ce ne sera pas le multiculturalisme canadien (yé!).
Ni l’interculturalisme québécois.
Mais la «convergence culturelle».
Kessé ça mange en hiver?
On le verra en détail bientôt.
Mais ça ressemblera à des ruisseaux (la culture des nouveaux arrivants) qui se jettent dans une rivière (la culture québécoise).
Comme lorsque des chanteurs de toutes origines entonnent Gens du pays à la Saint-Jean.
Pas vivre côte à côte, comme dans la mosaïque multiculturelle canadienne. Ni face à face, quand cette mosaïque encourage les divisions et les affrontements.
Mais ensemble.
Comme disait St-Exupéry: «L’amour, ce n’est pas se regarder dans les yeux, mais regarder tous les deux dans la même direction.»
UN PAS EN AVANT
Sur papier, tout cela a l’air très beau.
Reste à savoir si on restera au niveau des symboles, ou si cette nouvelle approche aura des impacts concrets.
Contrairement à certains de mes amis souverainistes, qui méprisent tout ce qui n’est pas la souveraineté, je ne cracherai pas dans la soupe.
Vaut mieux un pas en avant que rien du tout.
Après tout, jusqu’à preuve du contraire, nous vivons encore dans le Canada.
Si on peut rendre cette «cohabitation» un peu plus vivable, un peu moins toxique, en attendant le «Grand Soir» qui ne viendra peut-être jamais, tant mieux.
Bref, bravo à la CAQ. Et je le dis sans ironie.
Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. À cheval donné, on ne regarde pas la bride. Il faut saisir la balle au bond.
Etc.
Cela dit...
Toutes ces tentatives autonomistes visant à «rentrer» le carré québécois dans le cercle canadien me font penser à ma vie quand j’avais 16 ans.
MON SOUS-SOL
Je vivais chez mes parents, mais j’avais pris possession du sous-sol.
C’était mon territoire. Que je défendais bec et ongles.
Mon sofa, mes coussins, mon système de son, mon black light, mes posters psychédéliques.
Il y avait une porte qui menait directement dans le sous-sol, et c’est par là que mes amis passaient pour venir me voir. (Avec de la bière cachée sous leur chandail.)
Je m’étais aménagé un petit chez-moi. Qui me donnait l’impression d’être autonome. Indépendant. Adulte.
Mais à 22h, je devais baisser le volume de ma musique. Mes amis ne pouvaient pas fumer. Quand ma mère descendait, on arrêtait de frencher nos blondes, etc.
Bref, je n’étais pas vraiment chez moi.
Je faisais comme si.
Oh, c’était mieux que rien, mes amis rêvaient tous d’avoir un «local» comme le mien, mais les vrais boss des bécosses, c’étaient mes parents.
Je vivais chez eux.
L’autonomisme de la CAQ, c’est ça.
Vivre dans le sous-sol.
En bon français, on appelle ça un «arrangement».
Ce que l’Office québécois de la langue française définit comme «une entente convenue entre des parties à la suite d’une conciliation amiable ou obligatoire dans le but d’éviter les aléas d’un procès ou d’un arbitrage».
C’est mieux qu’un coup de pied dans le cul, c’est vrai.
Reste que ce n’est pas nous qui contrôlerons le thermostat.