La CAQ est vraiment dure à croire sur le 3e lien


Rémi Nadeau
À peu de choses près, les raisons pour lesquelles le gouvernement caquiste écarte un troisième lien à l’est existaient lorsque François Legault a pourtant pointé dans cette direction, en ressuscitant le projet contre toute attente.
«Notre intention, puis notre engagement, c’est de faire un pont à l’est», a déclaré le premier ministre presque exactement il y a un an, après le rapport de CDPQ Infra sur la mobilité à Québec.
Lorsque Geneviève Guilbault explique pourquoi son gouvernement choisit finalement un corridor à l’ouest des centres-villes , elle signale la largeur du fleuve à l’est, la hauteur nécessaire d’un ouvrage à cet endroit pour les navires de croisière, le paysage à préserver tout comme les terres agricoles sur la rive sud.
Faut-il comprendre que M. Legault vient de découvrir que le fleuve est plus large à l’est? Que le Vieux-Québec, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, est cute tel qu’il est?
Le chef caquiste avait redonné vie au projet sur un coup de tête après la dure défaite dans la partielle de Jean-Talon.
Visiblement, sa conversion pour un pont à l’est ne tenait pas sur une analyse sérieuse.
Question de coût
La ministre des Transports justifie aussi le choix du corridor «central» par la plus forte concentration de population et d’entreprises dans ce secteur.
Pourtant, la CAQ s’était approprié l’argumentaire pro-troisième lien à l’est, pour sortir les automobilistes du carcan de type fer à cheval et permettre le développement d’un pôle de l’autre côté des centres-villes.
C’est probablement l’état désastreux des finances publiques qui a forcé la CAQ à changer de discours... encore une fois.
On ne connaît pas l’estimation de coût de cette énième version de pont-tunnel, mais on comprend que ce serait moins gênant de présenter aux contribuables du reste du Québec une facture pas mal moins élevée que 10 milliards $ par exemple.
Le 3e choix
En sortant du trafic de la rive sud au chemin des Îles, les automobilistes en provenance de l’est sauveraient au moins la portion toujours très au ralenti du secteur Taniata.
Mais après le corridor de centre-ville à centre-ville qui avait d’abord été privilégié, puis celui à l’est, le gouvernement Legault en est rendu à son troisième choix en matière de lien Québec-Lévis.
Ça ressemble à un prix de consolation.
«Mais l’important c’est qu’un troisième lien se fasse», a dit Mme Guilbault.
La CAQ le brandit pour la troisième fois, comme un enjeu électoral.
La ministre a raison de dire que son parti est le seul, susceptible de former un gouvernement, à le promettre.
Parce que les ponts actuels ne sont pas éternels et que la grande région de la Capitale-Nationale mérite une circulation plus fluide, il faut un troisième lien.
Le problème est que le porteur de ballon s’est discrédité.