Opposée «à toute forme d’évasion fiscale», la Caisse songe à remettre des milliards de dollars dans la zone franche de Jebel Ali


Francis Halin
La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui dit s’opposer «à toute forme d’évasion fiscale» s’apprêterait à remettre des milliards de dollars dans la zone franche de Jebel Ali, près de Dubaï, selon Bloomberg.
Interrogée par Le Journal mercredi, la Caisse de dépôt n’a pas voulu se mouiller.
«Nous ne commenterons pas une rumeur d’investissement qui s’appuie sur des sources anonymes», s'est limité à dire sa porte-parole, Kate Monfette.
DP World, l’entreprise d'État émiratie qui détient le port de Jebel Ali, n’a pas répondu non plus à nos demandes d’entrevue.
«Pas la même chose»
«Une zone franche, ce n’est pas la même chose qu’un paradis fiscal», avait-il répondu. «C’est un élément différent que d’avoir un paradis fiscal aux îles Caïmans», avait-il ajouté.
En juin 2022, le bas de laine des Québécois a pris une participation de 22% (2,5 milliards de dollars américains) dans cette zone qui a une «politique gouvernementale pour attirer des investissements», selon les mots de Charles Emond.
«Dumping fiscal»
Dans son «Engagement sur la fiscalité internationale», la Caisse écrit en caractères gras que dans ses critères d'analyse, «le taux d’impôt consolidé applicable à l’investissement doit être au minimum 15%, peu importe la juridiction où se trouve l’investissement».
Or, d’après Alain Deneault, auteur de Paradis fiscaux: la filière canadienne, investir dans Jebel Ali équivaut à faire du «dumping fiscal».
«Lorsque l’instance financière du gouvernement du Québec avalise ce type de politique, elle nuit à un État comme le Québec lui-même», avait-il déjà déploré.
«Les Émirats arabes unis ont été souvent épinglés pour des questions de blanchiment d’argent et ils ne sont pas transparents. La décision de la Caisse est étonnante, je suis perplexe», avait aussi dénoncé Franck Jovanovic, professeur d’économie et de finance à l’Université TÉLUQ.