La Caisse de dépôt battue à plate couture par l’Indice Québec 30


Michel Girard
D’entrée de jeu, permettez-moi de citer textuellement le communiqué émis par la Caisse lors du dévoilement jeudi dernier des résultats de l’année 2022 par le PDG Charles Emond.
«La CDPQ présente aujourd’hui ses résultats financiers pour l’exercice terminé le 31 décembre 2022. Le rendement moyen pondéré des fonds de ses déposants s’établit à -5,6 % en 2022, comparativement à -8,3 % pour le portefeuille de référence, représentant plus de 10 milliards $ de valeur ajoutée.»
Et, dixit Emond: «Pour une deuxième année consécutive, mais dans des marchés aux antipodes, nous avons surperformé notre portefeuille de référence. Nos initiatives stratégiques entreprises ces dernières années et la discipline dans notre exécution ont créé de la valeur ajoutée pour nos déposants.»
Non, mais quel sans gêne! Je trouve particulièrement déplacé de voir le PDG de la Caisse Charles Emond se vanter d’avoir rapporté par rapport à son portefeuille de référence «plus de 10 milliards $ de valeur ajoutée» en 2022 alors que la Caisse a bouclé l’année 2022 avec une énorme perte de 24,6 milliards $.
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D’ailleurs, il faut savoir que nulle part dans les 7 pages de texte du communiqué sur les résultats de la Caisse en 2022, Charles Emond fait mention de cette astronomique perte de 24,6 milliards $. Il faut scruter les tableaux pour la découvrir par nous-mêmes.
Comme je l’ai mentionné dans un tweet, le fait que Charles Emond se vante d’avoir réalisé une «valeur ajoutée de 10 milliards $» alors que la Caisse rapporte en réalité une perte de plus de 24 milliards $, cela me fait penser à l’histoire du gars qui rentre du Casino et qui dit: «Chérie, j’ai gagné 2000 $. Ah oui, comment? En ne perdant que 3000 $ au lieu 5000 $!»
La vantardise du grand patron de la Caisse au sujet de la «valeur ajoutée» que rapporte son équipe de gestionnaires de portefeuilles ne s’est pas limitée à la seule année 2022.
«Sur cinq ans, le rendement annualisé se chiffre à 5,8 % et surpasse le portefeuille de référence à 4,9 %, produisant près de 18 G$ de valeur ajoutée. Sur 10 ans, le rendement annualisé se chiffre à 8,0 %, également au-dessus de son portefeuille de référence à 7,0 %, générant 30 G$ de valeur ajoutée», indique-t-on dans le premier paragraphe du communiqué.
Surpassée d’aplomb par l’IQ 30
Quand Charles Emond souligne à grands traits la fameuse «valeur ajoutée» par rapport à son portefeuille de référence, c’est évidemment dans le dessin de nous montrer que lui et ses gestionnaires sont très bons puisqu’ils battent d’aplomb leurs indices de référence. Et c’est «payant» pour eux de battre leurs indices de référence, car cela aura un impact direct sur leur rémunération variable, c’est-à-dire les bonis.
Parlant d’indices de référence, si la Caisse s’était contentée d’investir lors des dix dernières années seulement dans l’Indice Québec 30 (IQ-30 : des 30 grandes entreprises inscrites à la cote de la Bourse de Toronto qui ont leur siège social au Québec), elle aurait nettement mieux performé.
Voici le rendement annualisé (avec dividendes) de notre indice québécois u 31 décembre 2022, à comparer au rendement de la Caisse que vous retrouvez entre les parenthèses:
- 1 an : -1,6 % (-5,6 %)
- 5 ans : +7,3 % (+5,8 %)
- 10 ans : +11 % (+8,0 %)
Au 31 décembre 2021, l’Indice Québec 30 avait également battu la Caisse.
Bien sûr que la Caisse avec son gigantesque portefeuille de 402 milliards $ ne peut mettre tous ses œufs dans le panier de l’Indice Québec 30 qui comprend : Alimentation Couche-Tard, le CN, la Banque Nationale, la Banque Royale, BCE, Metro, Dollarama, la Banque de Montréal, Power Corporation, CGI, Quebecor, iA Société financière, Groupe WSP Global, CAE, TFI International, Saputo, Air Canada, BRP, Gildan, Bombardier, Boralex, Corporation Nuvei, BELLUS Santé, Lightspeed Commerce, Innergex Énergie renouvelable, Molson Coors Beverage, Quincaillerie Richelieu, Redevances aurifères Osisko, Banque Laurentienne et Transcontinental inc.
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Largement devancée par OMERS
La caisse de retraite des employés municipaux de l’Ontario, OMERS, a réussi à rapporter un rendement de 4,2 % en 2022, battant ainsi d’aplomb la Caisse de dépôt.
C’est la deuxième année de suite qu’OMERS devance solidement la Caisse: en 2021, OMERS rapportait un rendement de 15,7 % comparativement à 13,5 % pour la Caisse.