La Bourse canadienne dame le pion à Wall Street

Michel Girard
De tous les indices boursiers nord-américains, c’est le baromètre de la Bourse de Toronto (S&P/TSX) qui affiche la meilleure performance depuis le début de l’année et également sur 12 mois.
À la fermeture jeudi, le S&P/TSX affichait une hausse de 8,2% pour les six premiers mois (ou presque) de l’année et une augmentation de 22,8% en 12 mois.
L’indice phare de la Bourse canadienne devance d’aplomb les trois grands indices américains, lesquels sont tout de même retombés en territoire positif après le psychodrame des droits de douane en avril. Voici les hausses enregistrées depuis le début de l’année:
- Dow Jones: + 1,98%
- S&P 500: + 4,41%
- NASDAQ: + 4,44%
Sur la période de 12 mois, les trois grands indices américains tirent de la patte par rapport à notre indice phare S&P/TSX de la Bourse de Toronto: Dow Jones (+ 10,9%); S&P 500 (+ 12,1%); NASDAQ (+ 13,3%).
L’indice des PME américaines, le Russell 2000, reste pour sa part toujours à la traîne depuis le début de l’année, accusant un recul de 2,5% lors des six premiers mois de l’année. Et sur 12 mois, il affiche une progression de 7,6%.
C’est une bien piètre performance à comparer aux PME canadiennes cotées en Bourse. L’indice S&P/TSX Small Cap a gagné 10% en six mois et 20% en 12 mois.
Sommet historique
Compte tenu de la guerre tarifaire déclenchée par le président américain Donald Trump et de ses graves conséquences économiques sur les entreprises canadiennes, la Bourse canadienne s’est étonnamment fort bien tirée d’affaire.
À tel point que le S&P/TSX a même franchi cette semaine un nouveau sommet historique. Même chose pour le S&P/TSX Small Cap.
Le secteur canadien le plus performant a été celui des matériaux avec une hausse de 31% depuis le commencement de l’année 2025. Ce secteur comprend notamment les métaux, les minerais et l’or. Les autres secteurs qui ont bien performé sont la consommation discrétionnaire avec un gain de 8,3%; la consommation de base avec une hausse de 8,4% et la finance avec une progression de 7,8%.
Résilience
La surprenante performance du principal indice boursier canadien laisse présager que le Canada va réussir à s’en sortir globalement sans trop de dommages en cette période de guerre tarifaire et d’incertitude mondiale générée notamment par les grands conflits russo-ukrainien, israélo-iranien et israélo-palestinien.
Parenthèse. Malgré ces conflits, le secteur canadien de l’énergie est resté au beau fixe, avec zéro gain depuis janvier. Ô surprise! Le pétrole et le gaz naturel ont même reculé lors des six derniers mois: le prix du pétrole a reculé de 8,7% et celui du gaz naturel de 10,2%. En période de conflits, le pétrole a généralement tendance à bondir... Pas cette fois-ci!
Chose certaine, les marchés nord-américains ont fait preuve d’une solide résilience à la suite de la grande débâcle boursière survenue en mars et en avril.
Je vous rappelle que la débandade boursière survenue entre les 18 février et le 7 avril avait fait royalement plonger les grands indices nord-américains: S&P 500 (- 21,3%); NASDAQ (- 26,8%); Dow Jones (- 18,8%); S&P/TSX de Toronto (– 17%).
Mais depuis le 8 avril, c’est le retour en force de la Bourse. Depuis leurs creux respectifs du 7 avril, voici les hausses enregistrées par les indices nord-américains:
- Dow Jones: + 18,5%
- S&P 500: + 27%
- NASDAQ: + 36,4%
- S&P/TSX: + 20,4%
Incertitude
Avec un Donald Trump imprévisible, rien n’est acquis en Bourse. Il faut rester sur le qui-vive et s’attendre à passablement de volatilité au cours des prochains semestres.
Si le dollar américain est à son plus bas depuis trois ans, c’est parce que les investisseurs craignent pour l’indépendance de la Réserve fédérale. On sait que Donald Trump souhaite remplacer au plus sacrant son président actuel, Jerome Powell, sous prétexte que ce dernier n’abaisse pas assez rapidement les taux d’intérêt. Les investisseurs craignent la nomination d’une sorte de président fantôme à la merci d’un Donald Trump et de sa vision de la politique monétaire.
Concernant les droits de douane, ça risque de brasser de nouveau. Pourquoi? Parce que la suspension de 90 jours d’un éventail de tarifs imposés par Trump arrivera à échéance le 9 juillet (mais elle pourrait être prolongée).
Faute d’accord, d’importants partenaires commerciaux des États-Unis se verront alors imposer les fameux tarifs américains.
Si tel est le cas, ce serait possiblement désastreux.
On verra!