La BMO défend l’utilisation d’ententes de confidentialité avec ses clients floués
La banque controversée n’hésite pas à recourir à celles-ci lorsqu’elle règle certains cas avec des clients

Francis Halin et Julien McEvoy
Ces dernières semaines, de nombreux clients de la Banque de Montréal (BMO) qui ont été victimes d’arnaques à même leur compte de banque ont dû signer une entente de confidentialité pour éviter d’ébruiter l’affaire, une méthode que défend la banque.
• À lire aussi: Il réussit à faire plier la BMO et se fait rembourser 42 000$: «Ils m’ont présenté ça comme un cadeau»
«En ce qui concerne les clauses de confidentialité, elles sont conformes aux pratiques du secteur et visent à prévenir les situations où la promotion involontaire des décisions de remboursement, le cas échéant, a pour effet involontaire d’encourager des activités criminelles qui mettent en péril la sécurité publique», s’est justifiée la BMO lorsqu’interrogée par Le Journal.
«Ce phénomène est bien documenté au Royaume-Uni et devrait être évité au Canada», a-t-on soutenu.
- Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB :
Clients silencieux
Alors que certains, comme Pierre Lequin, ont refusé de signer de telles clauses de confidentialité par principes, d’autres avec les reins financiers moins solides n’ont pas osé le faire, de peur de perdre l’argent retrouvé.
«J’ai eu mon argent après votre article, mais je n’ai pas le droit de vous le dire», a déploré l’un d’eux.
«Je vous remercie, mais la BMO m’a fait signer une entente de confidentialité, donc je ne pourrai pas publier ce dénouement dans vos pages, même si je vous remercie», a confié un autre.
Fin mars, Le Journal rapportait qu’une action collective était en préparation pour récupérer plus d’un million de dollars envoyés de plusieurs comptes de la BMO.
La Banque Nationale aussi
La pratique est aussi courante à la Banque Nationale (BN), où une série de fraudes a frappée de nombreux propriétaires de PME québécoises, à la fin de 2023. Une quarantaine d'entre eux se sont fait volés de 10 000$ à 240 000$ dans le compte de leur entreprise.
Lorsque la BN a finalement reconnu sa responsabilité, la vice-présidente, Geneviève Turbide-Potvin, a fait une tournée des médias. Son message: appelez-nous, on va vous aider.
Le Journal a alors contacté les 12 victimes à qui nous avions parlé, les incitant à faire ce que la vp demandait. En moins d'une heure, ils avaient tous été remboursé intégralement.
Aucun d'eux n'a pu en parler publiquement, puisque le remboursement était conditionnel à la signature d'une entente de confidentialité. Mais pourquoi faire signer un tel document?
«Il s'agit d'une pratique courante lorsqu'il y a une entente de règlement entre deux parties à la suite d'un dédommagement. Cela dit, chaque situation est traitée au cas par cas. Il n'y a pas automatiquement de clause de confidentialité et l’inclusion de celle-ci est indépendante de la médiatisation du dossier», répond un porte-parole de la BN.