La belle-mère tortionnaire de la fillette de Granby déboutée en appel
La Cour d’appel a rejeté les requêtes de celle qui avait été reconnue coupable du meurtre de l’enfant de 7 ans, morte asphyxiée dans du ruban adhésif

Pierre-Paul Biron
La belle-mère de la fillette de Granby devra purger sa peine. Coupable de meurtre au deuxième degré et de séquestration, la femme contestait le verdict de culpabilité prononcé à son endroit, mais elle a été déboutée par la Cour d’appel lundi, mettant fin à cette saga qui a ébranlé le Québec tout entier.
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La femme avait été condamnée à une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans en décembre 2021 au terme de son procès. L’instance avait été transférée de Granby à Trois-Rivières à la demande de la belle-mère.
Elle contestait maintenant le verdict de culpabilité, mais aussi la période d’admissibilité à la libération conditionnelle. La Cour d’appel a toutefois rejeté, lundi, ses deux requêtes, affirmant que l’ensemble des motifs d’appel soulevés ne pouvaient mener à une ordonnance de nouveau procès ou à un changement de peine.
Rappelons que la belle-mère avait été déclarée coupable de meurtre non prémédité et de séquestration pour les mauvais traitements infligés à l’enfant de sept ans.

Maltraitée pendant de longs mois par son père et sa belle-mère, la petite avait perdu la vie par asphyxie, enroulée dans du ruban adhésif en avril 2019, déclenchant un tollé dans la province tout entière.

La Commission Laurent sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse avait d’ailleurs été mise sur pied quelques mois plus tard.
Motifs rejetés
Parmi les motifs invoqués, la belle-mère déplorait notamment le dépôt en preuve de textos «incendiaires» échangés avec le père de la petite et la directive faite par le juge au jury pour l’analyse de ces messages.
La femme écrivait notamment dans les semaines précédant la mort de la fillette qu’elle «la laissait dans sa pisse», qu’elle était «incapable de la regarder» et que «juste sa face la décourage». «Elle me fait chier», écrivait la délinquante quelques jours avant le meurtre.
Dans son appel, la délinquante estimait que les échanges ne constituaient qu’une preuve de mauvaise moralité qui avait pu influencer négativement le jury. Or, les trois juges de la Cour d’appel concluent plutôt que les messages pouvaient «démontrer l’intention» de la tortionnaire.

«Ce qui ressort des messages est plutôt l’exaspération et le désespoir de l’appelante en raison des comportements d’une enfant difficile. [...] Les messages sont hautement probants», écrivent les magistrats sous la plume du juge François Doyon, soulignant qu’au surplus, les directives du juge étaient claires.
Pour tenter de faire réduire sa peine, la belle-mère meurtrière invoquait aussi la médiatisation de l’affaire. L’argument n’a pas fait fléchir la Cour d’appel, qui souligne qu’en raison de l’ordonnance protégeant l’identité de la victime, la criminelle n’avait jamais été identifiée, «contrairement à la majorité des personnes condamnées pour meurtre».
Soulagement pour les proches
Cette décision de la Cour d’appel a été reçue comme un immense soulagement pour la famille de la fillette.
En entrevue, sa grand-mère s’est dite heureuse que justice soit rendue, «enfin».
«Quand on a toujours l’épée de Damoclès au-dessus de la tête, que ça peut toujours arriver [un jugement brisé en appel], on vit, mais on a toujours cette incertitude. Là, on tourne la page», a confié la femme.

L’avocate qui représente la famille dans une poursuite civile de 3M$ contre la DPJ explique quant à elle qu’une décision unanime en Cour d’appel réduit les chances de succès en Cour suprême, ce qui devrait clore le dossier.
«C’est très réconfortant pour la famille», a affirmé Me Valérie Assouline.
Condamné à quatre ans de prison, le père de l’enfant a obtenu une libération conditionnelle en mai 2024. Sa peine viendra à échéance en juillet prochain.
– Avec la collaboration de TVA Nouvelles
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