L'ONU veut placer les forêts au cœur de la COP30

AFP
Le changement climatique menace la forêt de l'hémisphère nord, mettant en péril le principal rempart naturel de la planète, a averti l'ONU mercredi, exhortant les participants à la COP30 à placer la résilience des forêts au cœur des efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
«Les forêts de l'hémisphère nord sont d'une importance cruciale pour le climat», a déclaré Paola Deda, directrice de la division Forêts de la Commission économique de l'ONU pour l'Europe (CEE-ONU) lors d'une conférence de presse à Genève.
«Au fil des ans, l'attention portée aux forêts lors des COP a été négligée. Les aspects techniques des débats ont pris le dessus», a-t-elle estimé. Or selon elle «on ne peut parler de solutions climatiques, d'atténuation et d'adaptation sans parler des forêts».
Environ 54 % des forêts mondiales se trouvent dans seulement cinq pays: le Brésil, la Chine, le Canada, la Russie et les États-Unis, les trois derniers faisant partie de la région de la CEE-ONU, qui couvre 56 pays d'Europe, d'Amérique du Nord, du Caucase et d'Asie centrale.
Publié mercredi, le profil forestier 2025 pour cette région est un aperçu quinquennal qui mesure et suit l'état écologique, économique et socio-économique des forêts, afin d'éclairer les politiques publiques.
La moitié de la déforestation des 10 000 dernières années a eu lieu depuis 1900, et bien que la superficie forestière mondiale ait diminué de 203 millions d'hectares depuis 1990, elle a augmenté d'environ 60 millions d'hectares dans la région de la CEE-ONU, soit une superficie comparable à celle de la France.
Cependant, ces progrès «sont aujourd'hui menacés par des incendies de forêt d'une ampleur sans précédent, les insectes ravageurs et une crise climatique qui s'aggrave», alerte la CEE-ONU.
Selon l'organisation, les forêts de la région sont de plus en plus vulnérables à ces menaces. Le rapport indique que les incendies de forêt sont devenus plus graves et plus fréquents, alimentés par la hausse des températures et la sécheresse, tandis que les pullulations d'insectes xylophages ont gravement endommagé des millions d'hectares de forêts.
«Point de non-retour»
«Ce que nous avons accompli au cours des trois dernières décennies est aujourd'hui gravement menacé par l'urgence climatique», souligne Tatiana Molcean, directrice générale de la CEE-ONU.
«Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la plus puissante défense naturelle de la planète. La multiplication des incendies de forêt et l'aggravation de la sécheresse poussent nos forêts au-delà d'un point de non-retour», alerte-t-elle quelques jours avant la COP30 qui va se tenir du 10 au 21 novembre à Bélem, dans l'Amazonie brésilienne.
«La communauté internationale, et notamment les dirigeants réunis à Belém, doit reconnaître que la protection des forêts n'est plus une simple question environnementale, mais une pierre angulaire de la sécurité carbone mondiale», insiste la responsable.
Particulièrement fragilisées, les forêts boréales, qui forment un anneau autour du cercle polaire arctique, notamment en Russie et au Canada, couvrent 9,3 % de la surface terrestre.
Elles contiennent environ 32 % des stocks mondiaux de carbone terrestre, et leurs sols renferment d'"énormes quantités de carbone", influençant significativement les niveaux de carbone atmosphérique, selon la CEE-ONU.
«Elles sont extrêmement sensibles aux impacts climatiques, notamment à la hausse des températures, au dégel du pergélisol et aux incendies de forêt» précise l'organisation dans son rapport.
On craint même que les vastes forêts de la région, actuellement puits de carbone, ne deviennent une source nette d'émissions.
Kathy Abusow, présidente de l'ONG nord-américaine Sustainable Forestry Initiative, a relevé devant la presse que parmi les pistes de solution figurait la gestion des «forêts en tenant compte du climat», notamment en adaptant les essences d’arbres aux nouvelles conditions environnementales.
De son côté, la CEE-ONU a souligné la nécessité de prévenir les incendies, de lutter contre les insectes xylophages et de restaurer les forêts.
L’éclaircissage des forêts et l'élimination du bois mort contribuent également à les rendre moins vulnérables aux incendies catastrophiques, qui sont d’importantes sources d’émissions de carbone, souligne l'organisation.