L’objectif de 5% de dépenses de sécurité de l’OTAN: mode d’emploi
AFP
Sous la pression de Donald Trump et face à la menace russe, les pays de l’OTAN, réunis en sommet mercredi à La Haye, devraient s’engager à une hausse substantielle de leurs dépenses militaires, jusqu’à 5% de leur produit intérieur brut (PIB) d’ici 2035.
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Voici quelques éléments d’explication.
Pourquoi 5%?
Parce que les États-Unis de Donald Trump l’exigent, faute de quoi ils menacent de ne plus défendre les «mauvais payeurs».
Mais aussi parce que ce chiffre correspond, pour l’essentiel, au montant nécessaire pour maintenir à niveau la défense de l’OTAN face au renforcement de la menace russe. Les nouveaux objectifs de capacité militaire ont été officiellement endossés par les ministres de la Défense de l’Alliance au début du mois de juin.
Ils sont révisés tous les quatre ans. Chaque pays reçoit les siens sous forme de blue book (livre bleu), et chacun est libre de recourir aux moyens de son choix pour atteindre ces objectifs.
Qui contrôle?
C’est l’un des enjeux principaux. Fin 2024, seuls 22 pays sur les 32 États membres de l’OTAN avaient atteint l’objectif de 2% de dépenses militaires, retenu en 2014 lors d’un précédent sommet de l’Alliance.
Certains ont aussi leur propre interprétation. L’Espagne a ainsi assuré être en mesure d’atteindre l’objectif qui lui a été assigné en matière de capacités militaires avec seulement 2,1% de son PIB. L’OTAN assure de son côté que Madrid aura besoin d’au moins 3,5%. Chaque pays devra remettre tous les ans un rapport à l’OTAN indiquant où il en est sur la voie des 5%.
Une revue aura également lieu en 2029, au moment de la prochaine actualisation des objectifs de capacités militaires.
L’idée d’une hausse minimum de 0,2% de PIB chaque année pour contraindre les 32 pays de l’OTAN à agir a finalement été abandonnée, faute de consensus.
5% = 3,5% + 1,5%
Le Secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a proposé un chiffre global de 5%, qui a en fait été obtenu par l’addition de deux types de dépenses.
Il suggère de porter le niveau des dépenses militaires stricto sensu à 3,5% du PIB d’ici 2032, en ligne avec les capacités militaires.
Celles-ci ne sont pas rendues publiques, mais l’OTAN a défini certaines priorités comme la défense antiaérienne, la cybersécurité ou les «facilitateurs stratégiques [strategic enablers]», ce qui permet aux armées de fonctionner (intelligence, logistique, satellites, etc.)
Les 3,5% sont censés permettre une hausse globale de 30% de ces capacités militaires, avec notamment un quintuplement du nombre de systèmes antiaériens.
Mark Rutte souhaite aussi que les pays de l’OTAN portent à 1,5% de leur PIB leurs dépenses liées à la sécurité au sens large.
Cet objectif est plus facilement atteignable dans la mesure où il concerne des dépenses duales, civiles et militaires, déjà engagées ou prévues par les États.
Selon un diplomate européen, un «catalogue» de ces dépenses a déjà été établi, comprenant les infrastructures (ports, routes, etc.), la mobilité militaire, la cybersécurité ou encore la «résilience». Cette catégorie englobe par exemple tout ce qui est jugé nécessaire à la préparation des sociétés civiles à la guerre.