«Son objectif, c'est d'anéantir Israël»: l'Iran riposte avec l'envoi de plusieurs missiles sur Tel-Aviv

Marianne Langlois
Des dizaines de missiles ont été envoyés en riposte à Israël, vendredi, alors qu’une frappe israélienne sans précédent a visé plusieurs sites nucléaires de l’Iran la veille.
« Personne ne peut prédire l’avenir à ce point-ci, mais on ne peut pas exclure une réponse militaire israélienne. Pour ce qui est de son ampleur, on le saura bien assez rapidement », observe Julien Bauer, professeur retraité de l’Université du Québec à Montréal en science politique.
L’Iran a lancé vendredi des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes qui ont visé plus de 200 sites militaires et nucléaires sur le sol iranien, la veille.

Les sirènes d’alerte ont retenti à travers tout le pays tandis que des nuages de fumée s’élevaient au-dessus de Tel-Aviv, la grande ville du centre d’Israël, peu après un appel lancé à la population à rejoindre les abris.
Au moins deux vagues de missiles balistiques iraniens ont visé Israël, a annoncé l’armée israélienne tandis que l’Iran a affirmé viser « des dizaines de cibles », « de bases et d’infrastructures militaires » en Israël.

Des enjeux entre les deux puissances persisteraient depuis plusieurs décennies, alors que l’Iran [ qui souhaite développer un programme nucléaire à des fins dites civiles] ne cache pas ses intentions face à Israël.
« Revenons à l'essence même du régime iranien qui déclare clairement que son objectif, c'est d'anéantir Israël [...] et le monde occidental a essentiellement pris la position suivante que le risque d'un Iran qui possède l'arme nucléaire est trop grand pour pouvoir le permettre », a mentionné Guillaume Lavoie, chercheur à la Chaire Raoul Dandurand, lors d’une entrevue à TVA Nouvelles.
Plusieurs blessés
Les secours israéliens ont pris en charge 34 blessés dans le centre du pays, dont une sexagénaire dans un état critique, à la suite de l’attaque, selon le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge.
Israël s’attend à être exposé « à plusieurs vagues d’attaques iraniennes », avait prévenu le premier ministre Benyamin Nétanyahou après que les frappes israéliennes eurent tué les plus hauts gradés iraniens, le chef d’état-major de l’armée, le chef des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique et le commandant de sa force aérospatiale.
Néanmoins, Israël accuse l’Iran d’avoir dépassé les bornes avec ces attaques ou plutôt « franchi la ligne rouge » alors que l’Iran porte les mêmes accusations.
« D’abord, l’idée des lignes rouges, chacun va l'argumenter d'une certaine manière, pour Israël, les attaques visent des responsables politiques ou scientifiques ou des capacités de développement liées à l'arme nucléaire ou à la capacité d'envoyer des armes sur Israël », a expliqué Guillaume Lavoie, lors de cette même entrevue.
L’armée israélienne a annoncé avoir « démantelé » une usine d’uranium à Ispahan, dans le centre de l’Iran, à la suite d’une frappe. Les attaques d’Israël ont, quant à elles, fait plusieurs dizaines de blessés et de morts, dont des enfants, ont rapporté les autorités iraniennes.
Pour Jabeur Fathally, professeur agrégé en droit international à l’Université d’Ottawa, une réplique « disproportionnée » de la part d’Israël n’est pas écartée dans ce conflit.
« Je crains l’utilisation de l’arme nucléaire [par Israël], on sait que Benyamin Nétanyahou ne respecte rien, il n’a pas vraiment de conscience des droits internationaux », explique-t-il.
Désescalade
Rapidement, le Canada s’est exprimé sur cette situation qui se déroule au Moyen-Orient, alors que la ministre des Affaires étrangères du Canada, Anita Anand, a appelé au calme.
« Le Canada suit de près l’escalade des tensions entre Israël et l’Iran », a-t-elle commenté en rappelant que la désescalade devait être priorisée afin d’éviter « de déclencher un conflit plus vaste avec des conséquences dévastatrices ».
En fin de soirée hier, les sirènes d’urgence ont de nouveau retenti à Tel-Aviv en prévision d’une nouvelle salve de missiles iraniens.