L'influence des dinosaures au PCC


Philippe Léger
Une autre journée, un autre malaise au Parti conservateur du Canada.
La Une du Journal d’hier était frappante. On y affichait les 39 députés conservateurs officiellement opposés au droit à l’avortement.
Frappante, car elle nous rappelait que ces dinosaures ne sont pas des exceptions dans le parti. Ils constituent une force centrale.
Frappante aussi par la différence dont le Québec et le Canada abordent cette question. Le lien entre politique et religion diffère instinctivement.
Frappante finalement, car on se demande comment ce parti peut continuer à subsister malgré des fractures aussi fondamentales.
Course
Les six candidats à la chefferie conservatrice ont absolument besoin de cette aile religieuse pour l’emporter.
Sans elle, on perd la chefferie. Avec elle, on perd des élections.
C’est là le cœur du malaise conservateur. La racine qui explique leurs défaites aux élections de 2019 et 2021.
Les réactions des candidats à la chefferie sur l’avortement le prouvent. Tous font des pirouettes rhétoriques, à l’exception de Leslyn Lewis.
Pierre Poilievre, qui fait campagne pour que le Canada devienne le pays le plus «libre» au monde, est soudainement très discret sur cette liberté fondamentale. Une courte déclaration affirmant furtivement qu’il était pro-choix fut suffisante pour le libertarien.
Jean Charest joue aussi au funambule. S’il a affirmé clairement sa position pro-choix, il a ajouté qu’il ne s’opposerait pas au dépôt de projets de loi privés de députés. Au passage, le candidat Charest a rappelé sa foi religieuse.
Et que dire de Patrick Brown, pro-choix, qui estime que ce droit devait néanmoins être «à son avis, rare».
Schisme
On peut se demander les principes que les conservateurs partagent aujourd’hui.
Sur les changements climatiques, sur l’avortement, sur l’État de droit, je ne vois pas de terrain d’entente.
Entre un conservateur tel qu’Alain Rayes voulant se tenir «debout [...] pour toutes les femmes» et les 39 députés en première page du Journal, il y a un tel fossé, de telles différences qui apparaissent insurmontables pour l’avenir.
Et ce peu importe l’identité du prochain chef.