L'industrie fossile alimente la pollution «alarmante» aux Émirats arabes unis

Agence France Presse
Les Émirats arabes unis souffrent de niveaux de pollution atmosphérique «alarmants» en partie à cause de leur industrie fossile, affirme l'ONG Human Right Watch (HRW), qui accuse le pays hôte de la conférence de l'ONU sur les changements climatiques d'étouffer les débats sur la qualité de l'air.
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Les émissions liées à la production d'hydrocarbures dans l'État du Golfe «contribuent à une pollution atmosphérique toxique qui a un impact dévastateur sur la santé humaine, alors même que le gouvernement émirati veut se positionner comme un leader mondial sur les questions de climat et de santé à la conférence de l'ONU» (COP28) à Dubaï, dénonce l'organisation de défense des droits humains dans un rapport publié lundi.
Selon elle, les données collectées en septembre dernier sur le territoire révèlent un niveau «alarmant» de concentration de micro-particules PM2.5, près de trois fois plus élevé en moyenne que les seuils quotidiens recommandés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Les autorités émiraties attribuent la mauvaise qualité de l'air aux tempêtes de poussières et de sables fréquentes dans la région, alors qu'une étude datant de 2022 montre que les émissions provenant notamment de l'industrie fossile contribuent «significativement» au phénomène, poursuit l'ONG.
Les Émirats arabes unis, septième producteur mondial de brut, prévoient d'investir 150 milliards de dollars d'ici 2027 pour accroître leur capacité de production de pétrole et de gaz.
«Le musellement de la société civile par les autorités émiraties fait que personne ne peut exprimer publiquement ses préoccupations et encore moins critiquer l'incapacité du gouvernement à prévenir ces dangers», affirme le directeur de l'environnement de HRW, Richard Pearshouse, cité dans le communiqué.
Les Émirats sont souvent pointés du doigt par les organisations de défense des droits humains pour les restrictions imposées à la liberté d'expression et la répression des opposants politiques.
Le rapport de HRW se base sur des entretiens menés avec des scientifiques, des experts et des militants.
L'ONG a également recueilli les témoignages d'une douzaine de travailleurs immigrés particulièrement exposés, qui affirment ne pas avoir été informés des risques associés à la présence de polluants.
«La pollution de l'air est un secret bien gardé aux Émirats arabes unis», souligne Richard Pearshouse, en appelant les autorités à faire preuve de plus de transparence, et à planifier leur sortie des énergies fossiles.
Le débat sur les énergies fossiles est au coeur des négociations de la COP28 organisée à Dubaï jusqu'au 12 décembre.