L'immense défi de Frédérick Gaudreau

Jonathan Bernier
Frédérick Gaudreau a fait une entrée fracassante dans la Ligue nationale de hockey au printemps 2017. Rappelé pour les séries éliminatoires, il était devenu le premier joueur depuis 1944 à inscrire ses trois premiers buts dans le circuit pendant la finale de la Coupe Stanley.
À l’époque, il tentait d’aider les Predators de Nashville à remporter la coupe Stanley. Il était loin de se douter que, trois ans plus tard, ses prouesses allaient l’aider à amorcer un nouveau chapitre de sa carrière.
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En octobre dernier, dans les heures suivant l’ouverture du marché des joueurs autonomes, Gaudreau a mis fin à son association avec l’organisation du Tennessee pour s’entendre sur les modalités d’un contrat d’une saison (à deux volets) avec les Penguins de Pittsburgh. Cette même formation contre qui ses coéquipiers et lui s’étaient inclinés en six rencontres lors de la ronde ultime de 2017.
Quels ont été les premiers mots de Jim Rutherford, le directeur général des Penguins, à son endroit ?
«On sait ce que tu es capable de faire. On l’a vu», a raconté Gaudreau, joint récemment par Le Journal de Montréal.
«Oui, il se souvenait de moi, mais les dépisteurs avaient également fait leurs devoirs sur mon cas. Sur mon caractère et ma personnalité qui, selon eux, se mariaient bien avec la philosophie de l’équipe», a-t-il ajouté.
Aucune amertume
Ne lui reste plus qu’à convaincre Mike Sullivan que c’est à Pittsburgh, et non à Wilkes-Barre – là où se trouve le club-école des Penguins – qu’il a sa place.
À première vue, ça ne s’annonce pas une mince tâche. La ligne du centre, position naturelle du hockeyeur de 27 ans, est déjà bien nantie avec Sidney Crosby et Evgeni Malkin en tête.
«Des gros noms, il y en a partout. Et je peux jouer ailleurs qu’au centre, a-t-il fait remarquer. Ce qu’on m’a dit, c’est que les Penguins y allaient vraiment au mérite. C’est encourageant parce que tu n’as pas l’impression de travailler pour rien. Il y a une récompense au bout de la ligne. Ce qui n’est pas le cas partout.»
Gaudreau quitte Nashville sans amertume, même si les Predators n’ont pas daigné l’amener avec eux dans la bulle d’Edmonton, lui préférant Daniel Carr et Michael McCarron, ainsi que les jeunes Eeli Tolvanen et Yakov Trenin.
«J’ai beaucoup de reconnaissance envers cette organisation. Mais, après six ans, c’était le temps d’essayer autre chose, d’aller voir ailleurs. Je suis persuadé que je peux apporter quelque chose à une équipe de la LNH. Ça devait passer par une autre concession.»
Marché particulier
Même si les autorités du circuit continuent de marteler que le 1er janvier est la date visée pour le début de la prochaine saison, il y a encore beaucoup d’incertitude dans l’air. Une situation particulière qui n’a pas été sans affecter le marché de l’autonomie.
En raison de la conjoncture économique, plusieurs joueurs sont toujours sans contrat, tant chez ceux qui sont libres comme l’air (Mike Hoffman, Anthony Duclair, Derick Brassard) que ceux qui sont joueurs autonomes avec compensation (Pierre-Luc Dubois, Anthony Cirelli, Mikhail Sergachev).
Malgré cette réalité, et en dépit du fait que les Predators souhaitaient le garder dans leur giron, Gaudreau n’a pas hésité à prendre le risque d’attaquer le marché.
«C’était de l’inconnu pour tout le monde. On m’avait dit que ça pourrait prendre des semaines avant que je reçoive un appel. Que les top guns partiraient en premier. Je m’étais fait à l’idée que ça pourrait être long.»
Résultat, sept équipes ont rapidement manifesté leur intérêt, dont cinq qui ont déposé des offres fermes, incluant Nashville. C’est à cette étape que la particularité du marché de 2020 a eu une incidence.
«Il fallait prendre une décision rapidement. Les équipes passaient au nom suivant sur leur liste, ce n’était pas trop long. Elles mettaient de la pression», a mentionné Gaudreau, dont le contrat s’est signé avant la fin de la première journée.
Sur la glace avec les jeunes
Récemment, Rafaël Harvey-Pinard mentionnait à quel point il était difficile pour les joueurs demeurés au Québec de s’entraîner. Joel Teasdale et lui ont dû grappiller de l’équipement à gauche et à droite pour être en mesure de suivre un programme qui a du sens. Sans compter que les heures de glace sont difficiles à trouver.
Du côté de Gaudreau, c’est un peu plus facile. Comme il le fait chaque saison morte, il s’entraîne en compagnie de Cédric Lacroix, au domicile familial de ce dernier. Membre de l’organisation des Islanders de New York, Lacroix est le fils de Daniel, ancien entraîneur adjoint du Canadien. Le garage est rempli d’équipements qui se trouvaient autrefois dans la salle d’entraînement du Tricolore.
Et pour les heures de glace, les deux hockeyeurs donnent de leur temps aux équipes de la structure des Gouverneurs de l’École secondaire Massey-Vanier de Cowansville, membres de la LHEQ. Un échange de bons procédés qui leur permet de fouler la patinoire quelques fois par semaine tout en partageant leur savoir avec les jeunes.