L'hypocrisie de l'Occident

Nathalie Elgrably
Victimes innocentes, vies détruites, ruines et famines, autant d’horreurs provoquées par les guerres. On comprend aisément pourquoi l’invasion de l’Ukraine bouleverse.
Mais si le conflit russo-ukrainien monopolise l’élite politique, il n’a pas le monopole de la guerre.
Conflits
Plusieurs guerres actuelles, certaines sanglantes et impitoyables, ternissent les pages de l’Histoire. Pensons à celle du Yémen qui a déjà fait 377 000 morts. Au Darfour, on compte 300 000 morts. En Éthiopie, c’est près de 100 000 morts en 15 mois. Il y a aussi la guerre au Tigré. On se souviendra du génocide au Rwanda, et bien d’autres.
Ces conflits sont tous monstrueux. Pourtant, l’Occident laisse des innocents mourir dans l’indifférence. On n’entend aucun dirigeant dénoncer avec passion les actes barbares. Personne pour déplorer les drames humains. Personne pour prendre des sanctions contre les agresseurs. Personne pour organiser des concerts. Personne pour manifester.
Pour soutenir l’Ukraine, les pays occidentaux adoptent des sanctions irréfléchies dont leurs propres citoyens feront les frais, et qui les exposent à un chantage nucléaire. En revanche, ils restent muets face aux atrocités commises par la Chine envers les Ouïghours. Ils boycottent les athlètes russes, mais envoient leurs champions aux JO de Pékin. Pour comble, l’ONU invite la Chine à siéger au Conseil des droits de l’homme !
Les Ukrainiens souffrent et leur douleur est déchirante. En revanche, pourquoi cette indignation à géométrie variable ? La mort des uns vaut-elle moins que celle des autres ? Existerait-il une échelle de moralité pour évaluer les drames humains ? Une échelle de douleur ? Une échelle de religions ou de couleurs ?
Intérêt
Face aux guerres oubliées, l’étalage démesuré de vertu ostentatoire pour l’Ukraine et l’incommensurable hypocrisie de l’Occident laissent dubitatif.
De Gaulle disait : « Les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Où se trouve donc réellement l’intérêt de l’Occident pour justifier pareil emballement et, surtout, pour risquer impétueusement la menace nucléaire russe ?