«L’histoire se répète»: le port de Montréal est de nouveau paralysé

Martin Jolicoeur
Le dernier sprint de négociations, mené par le Service fédéral de médiation et de conciliation, n’a pas permis d’éviter le déclenchement d’une grève des débardeurs ce matin au port de Montréal.
Depuis 7h lundi, les deux terminaux montréalais de la société Termont, ceux de Viau et de Maisonneuve, sont paralysés par des lignes de piquetage érigées par les travailleurs membres du Syndicat des débardeurs du port de Montréal.
Termont, responsable de quelque 40% du trafic de conteneurs au port de Montréal, a été qualifiée vendredi d’«opérateur délinquant» par le représentant du syndicat, membre du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Michel Murray.

Ce dernier accuse l’entreprise de ne pas respecter leur contrat de travail et d’agir «de façon cavalière» avec les travailleurs à son service. Deux différends, dont le plus important concerne la gestion des horaires de travail des employés, auraient servi de bougie d’allumage à ce nouvel arrêt de travail.
Une histoire qui se répète
À moins d’un improbable revirement, cette grève de trois jours devrait se poursuivre jusqu’à jeudi matin, soit le 3 octobre, à 6h59. Une situation que déplorent au plus haut point l’ensemble des organisations patronales du pays.
«L’histoire se répète avec les débardeurs du port de Montréal», a déploré la PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx, devant ce qu’elle considère comme ni plus ni moins qu’une prise d’otages des entreprises manufacturières. «Pour demeurer compétitifs, poursuit-elle, les manufacturiers ont besoin de prévisibilité et non d’une menace perpétuelle d’une paralysie du port de Montréal.»

Abondant dans le même sens, le PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a rappelé que le port de Montréal en était à sa troisième grève en quatre ans et a, une fois de plus, pressé le gouvernement fédéral de désigner les activités du port de Montréal comme des services essentiels.
«Tout ça donne l’impression qu’au Canada, c’est assez amateur le transport. Que nous sommes toujours à la merci ou à quelques mois d’un blocage, a-t-il déploré. C’est très mauvais pour la réputation de l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement canadienne.»
100 millions par semaine
Lundi, la ministre fédérale des Transports, Anita Anand, a invité les parties à retourner à la table de négociation et à trouver un moyen de s’entendre. Avec un volume de 40 millions de tonnes de marchandises par année, elle a rappelé que le port de Montréal était l’un des plus importants de l’est du pays.

Selon une étude de Martin Associates, le port de Montréal est une «plaque tournante clé pour l’économie québécoise», contribuant à 10% du PIB du Québec, et «un lieu de passage essentiel des marchandises exportées et importées» par les manufacturiers du Québec.
Advenant que la grève s’étende à l’ensemble des activités du port, Transports Canada a estimé en 2021 que son impact net sur le PIB atteindrait les 100 M$ par semaine, a indiqué le responsable des transports, des infrastructures et de la construction de la Chambre de commerce du Canada (CCC), Pascal Chan.
Convention collective échue
Par voie de communiqué, l’Association des employeurs maritimes (AEM), qui représente Termont, s’est dite pour sa part «très déçue de ce dénouement» et elle espère «sincèrement pouvoir trouver un terrain d’entente entre les parties pour maintenir [ses] activités».

En attendant, avare de commentaires, l’AEM a soutenu n’avoir eu connaissance d’aucune reprise prochaine des discussions avec les débardeurs et a indiqué que sa priorité demeurait la signature d’une convention collective négociée dans les meilleurs délais. Les débardeurs du port de Montréal sont sans convention collective depuis le 31 décembre 2023.
La semaine dernière, ceux-ci ont rejeté la plus récente offre patronale dans une proportion de 99,63%. Les 1300 débardeurs en ont profité pour se doter d’un mandat de grève. Une offre précédente, déposée au printemps, avait aussi été rejetée par une forte majorité.
– Avec la contribution d’Audrey Sanikopoulos, de QMI.
GRÈVE AU PORT DE MONTRÉAL EN BREF
Durée: Trois jours, ou 72 heures
Début: lundi, 7h du matin
Fin prévue: jeudi, 6h59 du matin
Deux terminaux visés: Viau et Maisonneuve
Importance: 40% des conteneurs transitant au port
Source: Syndicat des débardeurs du Port de Montréal (SCFP)
LES SOCIÉTÉS MEMBRES DE L’ASSOCIATION DES EMPLOYEURS MARITIMES (AEM)
– Terminaux Montreal Gateway
– Termont Montreal
– Viterra
– QSL International – Empire
– Logistec Arrimage
Source: Association des employeurs maritimes du port de Montréal
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