L'heure juste: non, la crise des tarifs n'est pas «apaisée»
L'incertitude économique plane encore
Marie Christine Trottier
Débusquer les fausses nouvelles, vérifier les déclarations des politiciens, trouver les vrais chiffres: notre Bureau d’enquête, basé à Montréal, Québec et Ottawa, se spécialise dans l’art de rétablir les faits. Nos recherchistes vous présentent leurs trouvailles pour vous permettre d’y voir plus clair dans l’actualité de la campagne électorale.
L'énoncé
Lors d'un point de presse hier à Montréal, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a expliqué que la crise des tarifs ne devrait pas durer plus longtemps qu'un an et demi. Selon lui, le président américain Donald Trump et le parti républicain risquent gros lors des élections de mi-mandat, en 2026, s'ils ne signent pas de nouveaux accords commerciaux d'ici là.
« La crise, par nature, elle va durer la période des tarifs, qui est déjà passablement apaisée compte tenu des décisions récentes. Là elle est dans les marchés, la crise, elle est dans la perte de valeur, elle est dans l'inquiétude des gens pour la valeur de leur fond de retraite. [...] Mais dans un an et demi, à peu près, la négociation avec M. Trump est finie. »
Les faits
M. Blanchet semble bien optimiste face à la situation actuelle. La volatilité de la bourse n'est que le symptôme le plus flagrant de l'incertitude causée par les droits de douanes américains. Même si le président Trump n'a pas annoncé de nouveaux tarifs contre le Canada mercredi dernier, il n'en reste pas moins que l'économie canadienne est chamboulée depuis les derniers mois.
Certains effets de la crise des tarifs se font déjà ressentir. Par exemple, l'entreprise Chantier Chibougameau a confirmé qu'elle ferme deux usines de bois d'œuvre en Abitibi et abolit 200 emplois face à « l'incertitude économique mondiale ». La production de ces usines était principalement destinée au marché américain. Les États-Unis pourraient ajouter prochainement de nouveaux droits compensatoires dépassant les 34 % sur le bois d'oeuvre canadien.
Les droits de douanes sur les automobiles ont aussi poussé Stellantis à fermer son usine de Windsor pour deux semaines, mettant à pied des milliers de travailleurs. L'acier et l'aluminium sont également tarifés à 25 %, ce qui amènera de grands défis pour l'industrie canadienne et québécoise. Les biens exportés vers les États-Unis qui ne figurent pas dans l'Accord Canada-États-Unis-Mexique sont aussi frappés à 25 %, alors que les produits pétroliers et la potasse le sont à 10 %.
Il ne faut pas oublier les contre-mesures du gouvernement canadien, qui auront aussi leurs effets sur le pouvoir d'achat des Canadiens.
Et ce n'est peut-être pas fini, puisque les secteurs du pharmaceutique et des semiconducteurs pourraient être ciblés par une nouvelle salve de droits de douane, selon le premier ministre Mark Carney.
Reste à voir si tous les tarifs annoncés ces derniers mois auront un effet à plus long terme sur l'économie américaine, canadienne et mondiale.
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