L'herbe n'est pas verte à la SQDC

Richard Martineau
Quatre ans après la légalisation du pot au Canada (une décision qui, rappelons-le, a enrichi de nombreux amis du PLC qui avaient senti le vent tourner et s’étaient convertis dans la culture de la marijuana médicale en attendant le Grand Jour qui est venu – coïncidence, sans aucun doute – peu de temps après), le marché noir est toujours aussi florissant.
Une réalité d’autant plus embêtante que l’idée derrière cette légalisation était justement de couper l’herbe sous le pied du crime organisé.
HEY, TOI, LE JEUNE !
Au Québec, les ventes de la SQDC plafonnent.
Plus de 40 % des potteux continuent d’acheter leur stock chez Johnny plutôt que dans les boutiques de la société d’État, qui ressemblent à un croisement entre des succursales de Distribution aux consommateurs soviétiques dessinées par des architectes scandinaves qui ont pris trop de CBD et des vieux décors de laboratoires futuristes trouvés dans les poubelles de Canal Famille.
Tout juste si les employés ne portent pas une chienne blanche, comme le médecin chinois qui vend des bidules pour masser les pieds à la télé entre deux pubs de couteaux à steak...
Se pourrait-il que la décevante performance de la SCQD soit due au fait qu’au Québec, il faut avoir 21 ans pour acheter du pot ?
Qui parmi vous a attendu d’avoir 21 ans pour tirer son premier joint ?
- Richard Martineau, tous les jours 8 h 30, en direct ou en balado sur QUB radio :
Après ça, le gouvernement se demande pourquoi les gens qui fument du pot boudent la SQDC...
Vous visez des gens qui attendent d’avoir 21 ans pour fumer du pot !!!
Vous êtes aussi cool qu’un Café Chrétien qui pense attirer des jeunes en faisant jouer des longs jeux de Michel Fugain et le Big Bazar !
« Hey, toi, le jeune ! Tu viens d’avoir 21 ans ? Tu as envie d’expérimenter et d’élargir tes horizons ? Viens à la SQDC de ton quartier, on a de bons produits pour toi ! Et amène ta mère ménopausée, elle va adorer nos huiles ! »
SE GELER SANTÉ
Depuis lundi, les Torontois peuvent se faire livrer du pot chez eux grâce à Uber Eats.
Parle-moi d’une promotion !
Du pot qui te donne les munchies, et une pizza toute garnie ! Tout ça dans la même livraison !
C’est ce qu’on appelle « l’expérience client ».
Il faut dire qu’au Québec, la SQDC est prise en sandwich entre deux missions. Primo, amener de l’argent dans les coffres de l’État (donc, augmenter les ventes). Mais deuxio, le faire de façon responsable – contrairement à Johnny qui, lui, n’est pas obligé de filer à toute allure sur l’autoroute en gardant un pied sur le frein.
Résultat de ce double message : on est gogo, mais pas trop.
Les jeunes tripent sur les jujubes au pot à la saveur de fruits et de chocolat ?
La SQDC vend des jujubes à saveur de chou-fleur et de betterave !
Pas de farce !
Au Québec, on se gèle la bine, mais en restant santé !
À quand du hasch au kale ?
Ce n’est un secret pour personne : la légalisation du pot était une idée fédérale qui a été enfoncée dans la gorge de François Legault.
Alors il fait comme avec le roi.
Il l’embrasse, mais rapidement. Sur la joue.
Avec les lèvres pincées.
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