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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

L’Europe défend l’accord commercial conclu avec Trump

Photo AFP
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2025-07-28T19:08:38Z
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Un «bon» compromis ou une capitulation face à Trump? L’Union européenne a cherché lundi à défendre son accord commercial noué avec les États-Unis, qui suscite des réactions très contrastées des capitales et des grandes industries.

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«Je suis 100% sûr que cet accord est meilleur qu’une guerre commerciale avec les États-Unis», a affirmé le négociateur en chef de l’Union européenne (UE), Maros Sefcovic, lors d’une conférence de presse.

«C’est clairement le meilleur accord que nous pouvions obtenir dans des circonstances très difficiles», a revendiqué ce commissaire européen, responsable des tractations avec Washington au nom des 27 États membres.

Scellé dimanche en Écosse par la cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et Donald Trump, l’accord prévoit une taxe de 15% sur les produits européens exportés aux États-Unis.

C’est bien plus que le taux en vigueur avant le retour au pouvoir du président américain. Mais bien moins que ce que le milliardaire républicain menaçait d’imposer au Vieux Continent faute d’accord.

Engagements costauds

En plus des droits de douane imposés aux produits européens, l’UE s’est engagée à verser 750 milliards de dollars en achats d’énergie et 600 milliards en investissements supplémentaires aux États-Unis.

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Les autres modalités ne sont pas encore connues et elles devraient être partagées par l’UE et les États-Unis dans une déclaration commune au cours des prochains jours.

Mais l’accord a déjà fait bondir plusieurs capitales.

Le premier ministre français, François Bayrou, a accusé l’Europe de se «soumettre» aux États-Unis et a regretté un «jour sombre».

Pour le dirigeant hongrois, Viktor Orban, très critique à l’égard de Bruxelles, Donald Trump n’a fait qu’une bouchée de la Commission européenne, chargée de négocier cet accord commercial au nom des 27 États membres.

«Cela ressemble un peu à une capitulation», note Alberto Rizzi, analyste auprès du Conseil européen pour les affaires étrangères (ECFR). L’accord accepté par l’UE est «assez déséquilibré», a affirmé l’expert à l’AFP, voyant là une «victoire politique pour Trump».

Ce partenariat commercial a même été raillé par Moscou, qui a moqué les conséquences «très dures» pour l’industrie européenne.

«Le mieux qu’on pouvait obtenir»

La présidente de la Commission européenne a au contraire défendu un «bon accord», assurant qu’il apporterait «de la stabilité» aux consommateurs, aux investisseurs et aux industriels des deux côtés de l’Atlantique.

L’accord permet d’«éviter une escalade inutile», a estimé le chancelier allemand, Friedrich Merz. Il évite un scénario «potentiellement dévastateur», a renchéri la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni.

À Bruxelles, on admet que l’accord négocié place les Européens dans une moins bonne posture qu’auparavant, tout en martelant que les autres options – des droits de douane encore plus élevés ou l’incertitude autour de l’absence d’accord – auraient été bien pires.

Et pour cause: les deux principales puissances commerciales de la planète s’échangent chaque jour près de 4,4 milliards d’euros de biens et de services.

Le commissaire européen Maros Sefcovic a souligné qu’il s’était rendu à Washington 10 fois avec ses équipes pour trouver une issue à ce différend commercial. Et que des droits de douane plus élevés auraient mis jusqu’à 5 millions d’emplois européens en péril.

Mais à l’image des capitales européennes, les Bourses mondiales ont aussi réservé un accueil mitigé à cet accord, évoluant sans véritable entrain.

Pour le lobby européen de l’automobile, une des industries les plus touchées par ces droits de douane, il marque une «désescalade» bienvenue dans un contexte de «grave incertitude».

Les droits de douane convenus restent «trop élevés», a toutefois protesté l’industrie allemande de la chimie, qui représente des géants industriels comme Bayer ou BASF.

L’accord «illustre la difficulté qu’a encore l’UE à faire valoir la puissance de son économie et l’importance de son marché intérieur», a encore déclaré la première organisation patronale française, le Medef.

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