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L'article provient de TVA Sports
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L’enfant surdoué du hockey québécois devient un homme

MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONT
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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-09-09T15:30:00Z
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«S’il y a bien un gars qui veut voir ce que Xavier Villeneuve va devenir dans deux ans, c’est moi», affirme Justin Carbonneau.

Carbonneau est un choix de premier tour de la Ligue nationale de hockey (LNH), en passant. Bill Zonnon aussi. «Ça va être ma quatrième année dans la LHJMQ, rappelle Zonnon. Je n’ai pas vu de joueurs aussi talentueux que lui.»

Le directeur général de l’Armada de Blainville-Boisbriand, Olivier Picard, en perd ses mots: «On a des Carbonneau et Zonnon qui sont des choix de première ronde. Même eux, des fois, ils le regardent dans les entraînements et...»

Petit défenseur ultra-offensif, Villeneuve est un talent rare, pur, comme on en a vu trop peu défiler dans les dernières années au Québec. Probablement l'un des plus spectaculaires depuis Samuel Girard ou encore Jonathan Drouin.

Mais ce qui fait rêver, ce n’est pas forcément ce que Villeneuve est déjà, mais plutôt, ce qu’il peut devenir. Le jeune homme, admissible au prochain repêchage de la LNH, est débarqué au camp de l’Armada un peu plus grand, à 5 pieds 11 pouces. Avant même le début de la saison, il a gagné quelques points. Son père, qui a grandi comme lui sur le tard, fait 6 pieds 2 pouces.

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«J’ai eu un gros été, acquiesce Villeneuve. Le but ultime, c’est de se rendre à six pieds.»

«Il est arrivé ici à 16 ans et il n’avait pas un poil en dessous des bras, se souvient Picard. Sa maturité, c’était difficile, autant hors glace que sur glace. C’était un enfant.»

L’an passé, c’est tout ce qui est hors de la glace qui a pris forme. Le dernier morceau du puzzle commence à se mettre en place. Tout ce qui se passe quand ses patins sont lacés. 

«Tout ce qui était de casser son bâton sur le poteau, whatever, illustre Picard. Là, il a pris un autre step en termes de maturité sur la glace aussi.»

Villeneuve, quand il sera un homme, ce sera quoi? Il y a des noms fous qui ressortent, le genre de noms qu’on ne doit jamais balancer à la légère.

«Je sais que, des fois, il se compare à Quinn Hughes ou à Lane Hutson. Ça paraît gros, reconnaît Carbonneau, mais je n’ai jamais vu un gars jouer de la même façon que lui.»

Photo courtoisie LHJMQ Ghyslain Bergeron
Photo courtoisie LHJMQ Ghyslain Bergeron
Des recruteurs plus sévères que d’autres

Pas besoin de vous faire un dessin: si vous êtes féru d’espoirs, Villeneuve est l’histoire à suivre dans la LHJMQ cette saison.

On peut se demander, cependant, comment cet adolescent maigre comme un clou gérera cette pression. Comment faire mieux que l’an passé quand on a mené le Canada à la médaille d’or au Championnat mondial des moins de 18 ans et qu’on a été nommé défenseur par excellence de la LHJMQ?

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«Je le vois plus d’un point de vue collectif, réplique le principal intéressé. Dans une équipe gagnante, tout le monde paraît mieux. Je viens ici pour tout gagner collectivement. Pour le reste, je ne suis pas inquiet avec ma game

«Je lui en ai parlé un peu, parce que je l’ai vécu l’an passé, confie Zonnon. Le repêchage, il ne faut vraiment pas qu’il y pense. Il est assez talentueux, il ne faut pas qu’il se mette à penser à qui est dans les estrades ou peu importe. Il peut surprendre beaucoup de gens cette année.»

MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONT
MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONT

La froide réalité, malheureusement, c’est que des équipes ne daigneront pas regarder en sa direction même s’il empile 120 points.

«Je sais qu’il y a des équipes qui ne l’auront même pas sur leur liste, confirme Picard. Pour elles, la consigne, c’est: “En bas de 6 pieds 3, regarde-le pas.” Pour beaucoup de recruteurs, c’est: “On l’aime, mais je sais qu’on ne le repêchera pas.”»

D’autres recruteurs ne l’aiment simplement pas, à tort ou à raison.

«Ils trouvent qu’il joue n’importe comment, qu’il joue pas la game, avoue Picard. Moi, je suis prêt à vivre avec ça s’il laisse parfois le gars passer au lieu de se faire frapper, mais c’est vrai qu’il faut qu’il soit plus subtil.

«Il y a des vieux recruteurs qui ne l’aiment pas à cause de ça, mais au-delà de son côté spectaculaire, ils ne voient pas toutes les subtilités dans sa game, les jeux moins électrisants.»

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Les proverbiaux détails, dans le jargon du hockey, ils sont multiples dans le jeu de Villeneuve, mais c’est le spinorama et la manœuvre à travers trois joueurs qui marquent les esprits.

«Parfois, c’est une passe simple qu’il va faire, mais il va avoir vendu quelque chose d’autre avant, analyse le DG de l’Armada. Le résultat, c’est que le jeu d’après est beaucoup mieux, parce que le joueur a plus de temps.

«L’impact du jeu d’après est 100 fois meilleur, juste parce qu’il a vendu quelque chose.»
«Ça vient avec l’âge»

Son jeu défensif, sinon? À travailler. Mais sous-estimé.

«Il est meilleur qu’on le pense défensivement, soutient l’entraîneur-chef de l’Armada, Alexandre Jacques. On ne lui demandera pas d’aller dans les coins comme Alexandre Carbonneau, mais il est assez intelligent, il a de bons edges et il est capable de découper sa glace de façon incroyable. Je suis convaincu que les équipes vont apprécier son côté défensif. On va le placer dans des situations défensives cette saison, des mises au jeu importantes contre les gros trios et il va être capable de prouver à tout le monde qu’il a sa place.»

«Il a un bon bâton, observe Picard. Après, c’est une question de gestion de risques, et son positionnement n’est pas toujours à point. Avec son anticipation offensive, il va être au-dessus de son gars pour bloquer le tir et repartir tout de suite de l’autre bord, mais qu’est-ce qui arrive si on ne récupère pas la rondelle? Ça vient avec l’âge. Parfois, les jeunes ont eu beaucoup de chances dans le match, mais pas de points. On dit en anglais qu’ils sont horny

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La fameuse maturité. On peut voir le verre à moitié vide en se concentrant sur les faiblesses ou à moitié plein en constatant le potentiel de croissance d’un joueur déjà dominant.

«Il n’y en a pas un comme lui. Il n’est pas parfait, mais honnêtement, il est encore jeune», justifie Carbonneau.

«Les petits détails défensifs, j’ai mis l’accent là-dessus tout l’été, assure Villeneuve. Offensivement, tout le monde sait que je peux être très bon. Mais je veux vraiment le montrer à tout le monde [que je peux l’être] défensivement aussi.»

MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONT
MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONT

On verra si les perceptions peuvent changer. On ne peut tenir pour acquis que les succès de Lane Hutson changeront quoi que ce soit au sort de Villeneuve le premier jour du repêchage.

«J’ai l’impression qu’il va sortir plus loin que les listes que les gens font, prédit Picard. Faire une liste sur Twitter, c’est pas gérer une équipe. Tu fais une liste: “Ah, il patine, il est agile, il fait des points.” Mais tout l’aspect physique, moi, je fais une liste pour le fun sur Twitter et je m’en fous de ça.

«Les équipes ont des critères différents et des expériences différentes, aussi. Si elles ont repêché un gars de ce type-là et que ça n’a pas fonctionné, elles seront plus réticentes. Je pense que son pool d’équipes est plus petit que pour un joueur normal.»

En fin de compte, premier tour ou non, ça n’empêchera pas un joueur de faire une carrière. Les partisans à Montréal peuvent vous en passer un papier.

C’est sûr que Villeneuve aimerait ça, par contre.

«Depuis que tu es jeune, tu vois les choix de première ronde monter sur l’estrade, la grosse affaire. Pour moi, ç’a toujours été un rêve. C’est sûr que c’est un objectif.»

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