L’église de Saint-Ours qui a été ravagée par les flammes était sur le point d’être rachetée par un groupe de citoyens
Marianne Lafleur
L’église qui a brûlé à Saint-Ours, en Montérégie, était «un joyau» sur le point d’être racheté par un groupe de citoyens pour en faire un centre culturel.
«Je n’ai pas dormi de la nuit. Depuis deux ans, je travaillais avec un groupe pour la racheter. On était rendus à la dernière étape. Ça aurait été vendu dans les prochains mois», confie avec tristesse Renée Anne Arsenault, qui habite juste en face du bâtiment ravagé par les flammes dans la nuit de jeudi à vendredi. L’incendie a pris forme après que l'édifice, construit entre 1880 et 1882, a été foudroyé.
Son groupe garde espoir et souhaite tout de même acquérir ce qu’il reste de la structure. «C’est important de conserver ce lieu. On ne veut surtout pas voir des condos se bâtir là», insiste Mme Arsenault.
Elle précise que la fabrique paroissiale, incapable de continuer à assumer les coûts d’entretien, avait décidé de mettre l’église en vente.
Le maire, Sylvain Dupuis, affirme qu’il est trop tôt pour savoir si le bâtiment pourra être reconstruit.
Sa municipalité en saura davantage lorsque l’évaluation des dégâts et les discussions avec les assurances auront eu lieu. «Mais c’est sûr que j’ai un penchant pour vouloir la reconstruire», admet-il.

Pour l’instant, le clocher a pu être récupéré et les murs semblaient intacts. Une quantité énorme de débris se trouvaient autour de l’église et sur les terrains avoisinants. Construit en bois, le toit de l’église a quant à lui complètement disparu. Seule la façade en pierre tenait encore debout au lendemain de l’incendie.
Joyau patrimonial
Des dizaines de citoyens de Saint-Ours étaient rassemblés, vendredi, devant le bâtiment en ruines, visiblement émus par la perte de l'édifice.
«C’est toute mon enfance qui est partie en fumée. J’ai passé ma vie à fréquenter cette église. On s’y retrouvait, on discutait sur le perron. C’était un lieu de rassemblement familial», raconte Paule Bertrand, triste.
«C’est une cicatrice dans le village», ajoute le Saint-Oursois Gilles Marcil.
Même si la plupart des résidents n’étaient pas pratiquants, l’endroit était emblématique pour eux. «De notre maison, on pouvait voir l’église avec le soleil qui se couchait le soir, c’était vraiment beau», raconte quant à lui Olivier Caisse.
«C’est vraiment un gros morceau qu’on perd», renchérit sa conjointe, Véronique Tessier.

L’évêque de Saint-Hyacinthe, Christian Rodembourg, était également présent pour soutenir le maire: «C’est très désolant. C’était un bâtiment très ancien pour la province, c’est un joyau que l’on perd», a-t-il prononcé calmement.
Présent lors de l’incendie, le curé Éric Coulibaly était encore sous le choc. «Je suis effondré. Ça fait très mal au cœur. Ça s’est passé devant moi pendant que je prenais un café dans le presbytère», affirme celui qui est en poste depuis six ans.

Une quarantaine de sépultures
Selon les dires des citoyens et du maire, une crypte se trouvait sous l’église. Elle abriterait entre 40 et 50 sépultures, principalement des descendants des familles Poupart et Saint-Ours, issues de la seigneurie locale.
Plusieurs membres de la famille Poupart font d’ailleurs partie du collectif qui veut racheter l’église.
M. Dupuis est optimiste que les sépultures sont demeurées intactes, mais doute qu’elles soient accessibles pour le moment.
L’église abritait un orgue Casavant de la grande époque du facteur maskoutain et des œuvres d’art dont il est difficile de mesurer la valeur.
Le presbytère, le couvent et l’école qui se trouvent tout près de l’église n’ont pas été touchés par l’incendie.

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