L’écrivaine Andrée A. Michaud fait vivre des situations cauchemardesques à une famille de campeurs dans son nouveau roman, «Baignades»
Quand les vacances tournent à l’horreur


Marie-France Bornais
Jouant sur les cordes de l’action, du drame et du suspense, la talentueuse Andrée A. Michaud présente cette année Baignades, un roman intense, déroutant, angoissant à souhait, dont l’action débute sur un terrain de camping. C’est assurément un roman à ne pas lire seul dans sa tente, dans sa roulotte ou dans son chalet, dans un lieu isolé au fond des bois. L’écrivaine multiprimée à qui l’on doit Tempêtes et Bondrée, entre autres, distille l’effroi et imagine des situations cauchemardesques dans lesquelles personne ne voudrait se retrouver. Surtout pas d’innocents campeurs.

Dans ce roman à l’écriture riche, fabuleusement ancrée dans le réel par une foule de petits détails, Andrée A. Michaud raconte l’histoire de Max, Laurence et Charlie, leur petite fille.
La famille a emprunté un énorme VR à des amis et elle entame des vacances bien méritées dans un camping, s’imaginant relaxer, se baigner, faire du vélo ou marcher en forêt en toute quiétude pendant trois semaines.
Les voisins ont l’air gentils, l’endroit est sympathique et tout a l’air parfait. Jusqu’au moment où une rencontre tourne mal et force Max, Laurence et Charlie à décamper.
Énervés, ils prennent le mauvais chemin. Comme un malheur ne vient jamais seul, l’orage éclate. Ils sont perdus dans un coin qu’ils ne connaissent pas et les problèmes commencent. De vrais problèmes. Bien pires qu’être pris dans un chemin de bois, dans le noir, en plein orage, sans réseau cellulaire, sans espace suffisant pour rebrousser chemin avec un gros VR (ce qui est déjà un bon cauchemar de campeur!).
De plus en plus inquiétant
Andrée A. Michaud a un talent extraordinaire pour captiver ses lecteurs. «J’ai pas de recette! Je me laisse aller et j’essaie d’imaginer. Moi-même, au fur et à mesure, je vois que la situation est de plus en plus tendue. Que le suspense est de plus en plus inquiétant et j’essaie de poursuivre dans cette voie-là pour garder mes lecteurs jusqu’au dénouement.»
Elle ne met pas en scène ses propres angoisses ni ses propres peurs. «Je pense que je parle de peurs très universelles, très répandues: la peur de se retrouver seul, perdu en pleine forêt alors que tu ne sais pas exactement où t’es... Ce ne sont pas vraiment mes peurs à moi.»
«La peur vient de la mise en scène», précise-t-elle. «Ces gens-là qui sont partis camper n’étaient pas destinés à vivre une chose comme ça, mais il y a une petite affaire qui arrive, et une autre, et une autre... Et tout ça s’accumulant, ils se retrouvent acculés au pied du mur.»
«Ce ne sont pas mes propres peurs. Si c’était mes propres peurs que je mettais en scène, ça serait vraiment épeurant!» dit-elle avec humour.
Un individu horrible
Andrée A. Michaud explique comment elle a construit le personnage de Hank Simard, un individu horrible qui sème la terreur dans le roman. «Dès le départ, on voit que c’est un homme assez intolérant qui impose sa façon de voir et de penser. Ça aurait pu en rester là. Il fait ses petites partouzes... Je le dis dans le roman.»
«En pleine lumière, c’est l’homme droit, avec des principes, mais dans l’intimité, il se permet beaucoup de libertés. Ça aurait pu en rester là. Tout tient au fait que la situation, à lui aussi, lui échappe quand la femme qu’il emmène pour sa petite partouze dans son camp se rend compte qu’elle s’est complètement trompée sur ses intentions. Et là, tout dérape.»
Baignades
Andrée A. Michaud
Éditions Québec Amérique
312 pages
- Andrée A. Michaud est l’auteure de 14 romans tous plus inquiétants les uns que les autres.
- Elle a reçu le prix du Gouverneur général à deux reprises pour Le Ravissement et Bondrée, et le prix Arthur-Ellis du roman policier en langue française pour Bondrée et Tempêtes.
- Elle a également reçu le prix Ringuet de l’Académie des lettres, le prix Saint-Pacôme du roman policier, le prix des lecteurs Quais du polar/20 minutes de Lyon, le prix Rivages des librairies, le prix SNCF du polar et le prix Moussa Konaté du polar francophone.
- Elle est traduite en plusieurs langues.
- Elle sera au Salon du livre de Montréal.
«Max avait soupiré. Ben voyons donc, un homme, en pleine nuit, au milieu de nulle part, caché dans le bois pour faire peur aux deux imbéciles qui se sont trompés de chemin. T’as dû entendre un chevreuil, Laurie, ou un raton laveur, peut-être un renard, mais sûrement pas un homme.»
– Andrée A. Michaud, Baignades, Éditions Québec Amérique
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