«C'est comme une cathédrale»: le romancier britannique Ken Follett s'intéresse au mystère entourant le site de Stonehenge dans son roman «Le cercle des jours»


Marie-France Bornais
Fans de grands mystères anciens, vous êtes choyés: Ken Follett, le maître incontesté du roman historique, propose une fabuleuse immersion à l’époque de la construction de Stonehenge dans Le cercle des jours. Ce roman palpitant débute vers l’an 2500 avant notre ère, dans un endroit qu’il appelle simplement «la Grande Plaine». Le héros de l’histoire s’appelle Seft et creuse le sol pour trouver du silex. Amoureux fou de Neem, qu’il a connue pendant le Rite du Printemps, il vivra à ses côtés un épisode qui fera sa marque dans le temps.

Ce roman palpitant, minutieusement documenté, nous transporte à l’époque de la construction du monument mégalithique le plus célèbre du monde. Un ouvrage fascinant.
Seft est un tailleur de silex, un métier important, mais sans pitié. Dans la chaleur torride de l’été, il entreprend la traversée de la Grande Plaine pour participer aux célébrations du solstice d’été, qui marquent dans son pays l’arrivée de la nouvelle année.
C’est l’occasion de revoir la belle Neem, une jeune fille née dans une famille d’éleveurs, ce qui pourrait permettre à Seft de s’épanouir loin de la violence de son clan.
Joia, la sœur de Neem, va changer le destin de tous les habitants de la Grande Plaine en imaginant une construction monumentale.
Un intérêt de longue date
Ken Follett cultive depuis longtemps un intérêt marqué pour Stonehenge et les mystères entourant sa construction, mais révèle, en entrevue, que l’idée d’écrire un roman sur le sujet ne lui avait pas traversé l’esprit. Jusqu’au moment où il a vu un nouveau livre écrit par un archéologue, How to build Stonehenge.
«J’ai pensé que si les archéologues en savent maintenant suffisamment assez sur la construction pour écrire un livre sur le sujet, il doit y avoir assez d’information pour que moi, je puisse poser les bases d’un roman.
«Bien sûr, quand Mike Pitts dit qu’il va nous dire comment construire Stonehenge, il veut dire: je vais deviner. Il ne sait pas vraiment comment ça a été construit. On ne le sait pas non plus. Mais on connaît certaines choses.
«Par exemple, poursuit-il, à l’âge de pierre, il n’y avait pas de roues. La roue n’avait pas été inventée. L’idée d’utiliser des chevaux et du bétail pour tirer les instruments n’avait pas été inventée non plus. Alors, comment auraient-ils bien pu déplacer ces grandes pierres? Certaines d’entre elles mesurent 7 à 8 mètres de haut et pèsent environ 25 tonnes.»
À bras et avec des cordes
«Comment les gens de l’âge de pierre ont-ils bien pu les déplacer? La réponse, c’est qu’ils ont dû les déplacer eux-mêmes. C’est la seule explication possible. Ils ont dû les déplacer à l’aide de cordes», dit-il.
«Des gens ont fait des expériences et il se trouve qu’on a besoin d’environ 200 personnes, armées de cordes, pour tirer des pierres qui pèsent environ 25 tonnes. Ce ne sont pas des faits, mais c’est assez proche parce que ça semble être la seule façon possible de faire.»
Ken Follett ajoute que ce genre de spéculation est au cœur de son roman. «Je prends ce qui est connu et je construis quelque chose de plausible à partir de ce qui est connu, et à partir de mon imagination. Les pierres qui sont au milieu du monument proviennent de forêts qui se trouvent à 30 kilomètres du site.»
Un leader charismatique féminin
Ken Follett s’est chargé d’inventer un personnage principal qui arriverait à trouver une façon de transporter ces énormes pierres. «Il fallait aussi avoir un leader charismatique qui arriverait à persuader un groupe de gens à réaliser cet exploit.
«J’ai pensé que ce leader devait être une femme – et une très jeune femme. Ce serait le genre de personne qui dirait: allons dans les bois trouver les plus grandes pierres du monde et ramenons-les ici! Et les gens diraient: Oui! Allons-y!»
La puissance indéniable du site
Ken Follett, par ailleurs, rappelle que personne ne sait pourquoi ce mystérieux cercle de pierres dressées existe. Y a-t-il une dimension ésotérique ou mystique à considérer?
«Je ne crois pas aux théories qui circulent dans cette région, mais ce qui est certain, hors de tout doute, c’est la puissance de l’expérience qu’on vit en allant à Stonehenge. Quand on se tient près de ces pierres, c’est comme aller dans une cathédrale: on est émerveillé. Pour beaucoup de gens, c’est une expérience spirituelle.»
Le cercle des jours
Ken Follett
Éditions Robert Laffont
Environ 700 pages
▶ Sortie mondiale le 25 septembre
- Ken Follett, un auteur reconnu internationalement, a vendu plus de 170 millions d’exemplaires de ses 31 livres.
- Depuis la parution du roman L’arme à l’œil en 1978, il enchaîne les best-sellers.
- On lui doit Les piliers de la terre, Un monde sans fin, Une colonne de feu.
- La saga de Kingsbridge s’est vendue à plus de 40 millions d’exemplaires dans le monde.
- Le cercle des jours a été traduit en français par Odile Demange, Christel Gaillard-Paris, Renaud Morin et Pierre Reignier.
«Le cercle mesurait environ 100 pas de large. Juste à l’intérieur du talus circulaire, des pierres levées, chacune un peu plus haute qu’un homme de grande taille et espacées plus ou moins régulièrement, étaient disposées pour former un anneau. Il y en avait trop pour que Seft puisse les compter. Leur surface n’avait été ni façonnée ni poncée. La roche avait une teinte bleutée, et Neen expliqua à Seft qu’on les appelait les pierres bleues.»
– Le cercle des jours, Ken Follett, Éditions Robert Laffont