L'écrivain à succès Ian Manook propose des enquêtes palpitantes au cœur du territoire islandais dans son nouveau roman
Krummavisur


Marie-France Bornais
Auteur de nombreux romans à succès où la nature et les décors grandioses font écho aux personnages et aux intrigues, Ian Manook invite ses lecteurs à suivre une nouvelle enquête trépidante se déroulant cette fois en Islande, avec Krummavisur. Kornelius Jacobsson, enquêteur tenace qui ne se laisse pas manipuler, est chargé d’enquêter sur des affaires aussi spectaculaires qu’inquiétantes.

Jacobsson, un homme à l’âme torturée qui passe beaucoup de temps à soulever des poids au gym, est chargé de faire la lumière sur la découverte de trois cadavres incrustés dans la glace et libérés lors de l’effondrement d’un iceberg dans la lagune de Jökulsarion.
En parallèle, un chalutier est intercepté en pleine mer par un hélicoptère des forces spéciales car le corps d’une petite fille portée disparue s’y trouve.
En plus, le réchauffement climatique fait apparaître les vestiges d’une base nucléaire américaine secrète dans la banquise du Groenland.
Pour écrire Krummavisur, troisième tome d’une trilogie, Ian Manook a puisé dans ses souvenirs de voyage en Islande, le premier datant de 1973.
«Il y a plusieurs choses qui m’apportent de quoi écrire. La première chose, c’est le pays. C’est absolument extraordinaire! C’est un pays où, quand on se lève le matin et qu’on regarde le paysage, on ne sait pas si c’est le début du monde ou la fin du monde. Ça peut être les deux! dit-il en entrevue. C’est à la fois une terre de chaos et une terre de renouveau.»
Carrefour géopolitique et historique
La localisation de l’Islande, dans l’Atlantique Nord, a de quoi nourrir le récit. «On est à la fois dans un carrefour géopolitique et dans un carrefour historique. Ce sont des terres qui sont toujours étonnantes parce qu’on se demande toujours comment les premiers colons sont arrivés là-haut.»
La troisième chose intéressante, ajoute-t-il, est que l’Islande est une république démocratique exemplaire. «C’est un peuple très intéressant qui fourmille d’idées pour essayer de trouver des solutions économiques et qui est très protecteur de la nature. Et en même temps, une fois de temps en temps, il a des failles terribles.»
Trois raisons d’écrire sur l’Islande. Mais il en avait une quatrième. «La vraie raison, c’est que dans ma jeunesse, j’ai fait un grand voyage initiatique qui a duré 27 mois et qui a commencé en Islande», révèle-t-il.
Ian Manook est attiré par les territoires qui présentent un paysage très minéral: l’Islande, l’Alaska, la Mongolie, la Patagonie. «Si on prend les trois autres paysages, qui sont des paysages démesurés. L’Islande, c’est la même violence dans les paysages, mais sur une toute petite île. On fait le tour, si on veut, en une semaine. Il y a ce côté ramassé, ce côté condensé d’une nature spectaculaire, qui est fascinant.»
Des cadavres pris dans la glace
L’écrivain de talent ajoute qu’il ne fait pas de plan quand il écrit, mais commence toujours par une scène spectaculaire, qu’il porte en lui depuis très longtemps.
«J’avais depuis longtemps cette idée d’avoir des cadavres pris dans la glace d’un glacier et qui ne seraient pas de la même époque, qui n’auraient pas été tués en même temps. Je voulais commencer un bouquin avec ça.»
D’autres sujets se sont greffés par la suite. «Après, il y a peu de faits divers en Islande: il y a en moyenne, depuis des décennies, deux crimes par an. Et le crime crapuleux, comme on les décrit dans le polar, est extrêmement rare. Mais un de ces crimes ressemblait à l’enlèvement de la petite Anika par des marins groenlandais.»
Krummavisur
Ian Manook
Éditions Flammarion Québec
384 pages
- Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, est écrivain, éditeur, journaliste, essayiste et scénariste de bande dessinée.
- Il a voyagé un peu partout dans le monde, notamment récemment en Corée du Sud et a commencé une trilogie de polars coréens.
- Il a publié plusieurs best-sellers, notamment la trilogie Yeruldelgger, un récit policier au cœur de la Mongolie pour lequel il a gagné de nombreux prix.
- Son œuvre est traduite en 10 langues.
«La mer se démonte et chahute le chalutier. Une mer de silex. Dure et froide, aux arêtes tranchées. Laiteuse dans l’éclairage cru du projecteur. Au-dessus, l’hélico de la Viking Squad, les forces spéciales islandaises, lutte contre des vents qui s’acharnent à le bousculer. La pluie n’est visible que dans le faisceau de lumière, mais elle crible les hommes du commando par la porte ouverte de l’engin. Le chalutier n’obéit pas aux injonctions et fracasse la houle pour rejoindre les eaux groenlandaises.
- Où sont les garde-côtes? hurle Botty dans la fureur du vent et le vrombissement des pales.
- À une heure derrière. Ils n’arriveront pas à les rattraper avant qu’ils rejoignent leurs eaux territoriales, crie le chef du commando.»
- Ian Manook, Krummavisur, Éditions Flammarion Québec
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