Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

L'armée russe vise le «contrôle total du Donbass et du sud de l'Ukraine»

Partager

Agence France-Presse

2022-04-22T09:32:36Z
Partager

Moscou a annoncé vendredi viser le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région du Donbass près de deux mois après le début de l'invasion de ce pays par l'armée russe, accusée par l'ONU d'actions «pouvant relever de crimes de guerre».

• À lire aussi: Marioupol : Poutine accuse Kyïv d’empêcher la reddition des combattants ukrainiens

• À lire aussi: Un opposant russe renommé visé par une enquête pour «fausses informations» sur l'armée

«L'un des objectifs de l'armée russe est d'établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine», a déclaré un haut responsable militaire russe parlant d'une «deuxième phase de l'opération spéciale» visant, entre autres, à «assurer un couloir terrestre vers la Crimée».

Moscou avait revu ses plans à la baisse et retiré fin mars ses troupes de la région de Kyïv et du nord.

L'Ukraine, qui a obtenu ces derniers jours une aide en armements plus substantielle des Occidentaux, continue d'assurer qu'elle peut repousser les soldats russes hors de son sol.

«Ils ne peuvent que retarder l'inévitable - le moment où les envahisseurs devront quitter notre territoire, en particulier Marioupol», a dit jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

«Le succès de l'offensive russe dans le sud dépend du sort de Marioupol», a pour sa part déclaré vendredi à l'AFP le gouverneur régional, Pavlo Kyrylenko.

Publicité

Procession pascale vers Marioupol ?   

Ce port stratégique, que Moscou a assuré jeudi avoir «libéré», résiste encore aux forces russes, selon Kyïv qui affirme vendredi que les combattants ukrainiens «tiennent bon» dans l'immense complexe métallurgique Azovstal où sont également retranchés des civils.

Des civils qui ne pourront pas espérer vendredi emprunter un couloir d'évacuation pour trouver calme et sécurité, le gouvernement ukrainien jugeant la situation trop «dangereuse» sur les routes.

«Je m'adresse à tous ceux qui attendent d'être évacués : patientez, s'il vous plaît, tenez bon !», a lancé à leur adresse la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk sur Telegram.

Le président du Conseil européen Charles Michel, qui représente les États membres de l'UE, a demandé vendredi à Vladimir Poutine, au cours d'un entretien téléphonique, de garantir la mise en place de couloirs humanitaires à Marioupol à l'occasion de la Pâque orthodoxe, célébrée dimanche.

Résumant cet échange téléphonique, le Kremlin a déclaré que le président russe avait affirmé que Kyïv refusait la reddition des derniers soldats ukrainiens présents dans la zone industrielle d'Azovstal.

L'armée russe a dit vendredi être prête à observer «à tout moment» une trêve «sur tout ou une partie» de ce site pour permettre l'évacuation de civils et la reddition de combattants.

L'Église orthodoxe ukrainienne relevant du patriarcat de Moscou a proposé d'organiser une procession pascale vers Marioupol afin d'en évacuer des civils et des militaires blessés.

Les autorités ukrainiennes accusent régulièrement les forces russes de cibler des voies utilisées par des personnes fuyant les combats.

«Dans les territoires provisoirement occupés, des unités de l'ennemi continuent de bloquer les mouvements de la population locale», ainsi que «la livraison de chargements d'aide humanitaires à partir de l'Ukraine», assure vendredi le ministère ukrainien de la Défense : «Il y a des cas de civils et de volontaires fusillés».

Publicité

L'ONU a répertorié vendredi une série d'actions des militaires russes pouvant relever, selon elle, de crimes de guerre.

«Les forces armées russes ont bombardé et pilonné de manière aveugle des zones peuplées, tuant des civils et détruisant des hôpitaux, des écoles et d'autres infrastructures civiles, autant d'actions pouvant relever des crimes de guerre», a jugé une porte-parole du haut commissariat des droits de l'homme à Genève.

 «Exécutions sommaires»  

L'ONU a documenté le «meurtre, y compris certains par exécution sommaire» de 50 civils dans la ville de Boutcha en banlieue de Kyïv, a-t-elle ajouté.

L'Ukraine et les pays occidentaux accusent les troupes russes de «massacre» et de «crimes de guerre» après la découverte de dizaines de cadavres dans cette petite ville au nord-ouest de la capitale qui a été reprise le 31 mars par les soldats ukrainiens.

Des journalistes de l'AFP qui ont pu s'y rendre dès le 2 avril ont vu les corps de vingt hommes habillés en civil éparpillés sur plusieurs centaines de mètres dans une rue de cette localité. L'un était couché sur son vélo, d'autres avaient à côté d'eux des sacs de provisions. Un autre avait les mains liées dans le dos.

La police britannique a de son côté dit vendredi avoir reçu une cinquantaine de signalements de possibles crimes de guerre dans le cadre d'un appel à témoins lancé pour alimenter l'enquête de la Cour pénale internationale (CPI) et s'attendre à en obtenir plus avec l'arrivée au Royaume-Uni d'un nombre croissant de personnes ayant fui l'Ukraine.

Publicité

 Crainte de «faux référendum»  

Jeudi, le président d’États-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars à l'Ukraine.

Le Pentagone a précisé que cette nouvelle tranche comprenait 72 obusiers et leurs véhicules, 144.000 obus et 121 drones d'attaque Phoenix Ghost.

Jeudi soir, M. Biden a qualifié «les grandes ambitions» de Vladimir Poutine d'«échecs».

«Zelensky et son gouvernement démocratiquement élu sont toujours au pouvoir et les forces armées ukrainiennes accompagnées par les vaillants civils ukrainiens ont déjoué la conquête russe de leur pays», a-t-il écrit.

Cette affirmation n'a pas suffi à dissiper les inquiétudes du président ukrainien, qui a accusé la Russie de chercher à organiser un faux référendum d'indépendance dans les régions de Kherson et de Zaporijjia qu'elle occupe dans le sud de l'Ukraine.

Dans un message vidéo, M. Zelensky a demandé aux habitants des zones sous occupation de ne fournir aucune donnée personnelle, comme leur numéro de passeport, que leur réclameraient les forces russes.

«Ce n'est pas juste pour procéder à un recensement. (...) Ce n'est pas pour vous donner de l'aide humanitaire d'aucune sorte. C'est en fait pour falsifier un soi-disant référendum sur votre terre, si l'ordre d'organiser cette comédie arrive de Moscou», a averti le président ukrainien.

Publicité
Publicité