L'argent passe à plus de 50 $ US l'once, son plus haut niveau depuis des décennies

AFP
L'argent a dépassé jeudi les 50 dollars américains l'once, porté par la demande en valeurs refuges dans un contexte d'incertitudes économiques et géopolitiques, retrouvant des sommets qu'il n'avait plus connus depuis 1980, selon l'agence Bloomberg.
• À lire aussi: L'or dépasse pour la première fois la barre des 4000 dollars
Dans la foulée du record de l'or mercredi à plus de 4000 dollars américains, l'once d'argent, soit 31,1 grammes de ce métal précieux, également utilisé dans l'industrie, a grimpé jusqu'à 51,2350 dollars jeudi. Elle progressait encore de 3,15% à 50,4302 dollars vers 11h50.
D'après l'agence Bloomberg, l'argent n'avait pas connu de tels niveaux depuis 1980 et la pénurie orchestrée par les frères Hunt, milliardaires texans qui avaient tenté de s'accaparer le marché mondial, faisant s'envoler les prix du métal blanc.
Mais les données de cette période réunies par Bloomberg restent partielles.
Selon un historique de cours exhaustifs, disponibles à partir de 1993, l'argent a en tout cas dépassé son pic de 2011, lorsqu'il avait frôlé le seuil des 50 dollars l'once. Il était alors prisé, servant de couverture contre l'inflation et la crise des dettes publiques européennes.
Interrogé par l'AFP, John Plassard, responsable de la stratégie d'investissement chez Cité Gestion Private Bank y voit «un effet de rattrapage» de l'argent après les importants gains de l'or.
Le dénominateur commun de ces deux valeurs refuges? Une hausse des prix «alimentée par l'incertitude macroéconomique, la faiblesse du dollar et la demande persistante pour des actifs tangibles», résume Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et ses attaques contre la Réserve fédérale américaine, la confiance du marché dans les actifs américains, dont le dollar, s'est en effet érodée. S'y ajoute la récente paralysie budgétaire aux États-Unis.
Afin d'assurer leurs arrières, les investisseurs se tournent vers des valeurs alternatives, comme l'or et le bitcoin, qui a lui aussi récemment atteint un sommet.
«Les investisseurs tentent de plus en plus de se décharger de tout ce qui a un lien avec l'argent fiduciaire», ajoute M. Plassard.
«On est aussi dans une situation où on commence à parler d'une pénurie d'argent», ce qui tire là aussi le prix vers le haut, souligne par ailleurs l'analyste.
Le secteur est en proie à un déficit structurel de longue date, où la demande excède l'offre.
Or «l'argent est un métal industriel essentiel à la production de puces semi-conductrices pour l'IA qui alimentent les centres de données du monde entier», relève Kathleen Brooks, directrice de recherche pour le courtier XTB. Il est également utilisé dans la fabrication de panneaux solaires.
Les instabilités géopolitiques accrues, à commencer par les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine, ont également contribué à la course folle de l'or et de l'argent.
Dans ce contexte, les investisseurs sont aussi encouragés par la peur de manquer une bonne occasion (abrégée par «FOMO», ou «Fear of missing out» en anglais).