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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

L'Arctique, l'autre rêve de Poutine

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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2022-03-02T10:00:00Z
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C’était en 2007, un geste de propagande fort habile dont Vladimir Poutine est maître. Un sous-marin avait planté un drapeau russe au fond de l’océan Arctique.

Au-delà de l’indignation de Peter Mackay, qui lui avait reproché de se conduire comme au 15e siècle, les lendemains de cette affaire n’ont jamais monopolisé le débat au Canada.

Certes, les avions de chasse russes s’approchent dangereusement de notre espace aérien de temps en temps. Et pourtant, il est clair aujourd’hui que le Canada n’a jamais pris au sérieux la menace russe en Arctique.

La guerre en Ukraine sonne un réveil brutal. 

  • Écoutez la rencontre Latraverse – Dumont diffusée chaque jour en direct 17 h via QUB radio :  

Vieux rêve

Tout comme il a télégraphié son invasion de l’Ukraine pendant des mois, Vladimir Poutine a intensifié sa militarisation de l’Arctique depuis 2014, en y érigeant quelque 475 structures militaires. Le parallèle ne peut être ignoré. Selon Christian Perez du Foreign Policy Magazine, l’Arctique est devenu la seule région du monde où la Russie bénéficie d’une absolue suprématie militaire et stratégique.

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Maintenant qu’elle est étouffée économiquement et financièrement, la Russie sera-t-elle tentée de mettre la main basse sur les ressources naturelles et les hydrocarbures dont regorge l’Arctique ?

Loin de moi l’idée de dire que la guerre avec la Russie est à nos portes. Mais il est clair depuis longtemps que l’Arctique c’est l’autre grand rêve de Vladimir Poutine. Un grand rêve ultra militarisé, ultra stratégique auquel le Canada ne s’est pas préparé.

Ce qui est inquiétant, c’est que jusqu’ici le gouvernement Trudeau s’est contenté de vagues banalités dans ses réponses sur le sujet.

Loin des yeux loin du cœur

La triste réalité c’est que l’Arctique n’a jamais vraiment intéressé les libéraux. Toujours la même formule creuse dans leurs plateformes électorales. En 2021, ils ont même abandonné la promesse de donner les moyens au Canada de répondre à toute menace hostile !

Quant à Stephen Harper ? Il s’en est davantage servi pour construire le narratif de son nationalisme canadien. Il n’a jamais réussi à donner à l’Arctique les moyens de son rôle stratégique.

Morale de l’histoire, le Canada est un géant aux pieds d’argile. Nous avons des radars qui datent de 1985, face aux missiles hypersoniques des Russes. Nous avons de vieux CF-18 rabibochés, face à leurs MIG dernier cri.

Or, il n’y a aucune excuse.

Tous les autres pays du cercle arctique ont réagi à la militarisation de la région par les Russes. Tous ont modernisé leurs installations, leurs modes de détection, de défense. Tous ont compris la menace. Tous, sauf le Canada.

On entend le refrain : c’est loin, ça coûte cher. Le Canada croit aux institutions multilatérales comme le Conseil de l’Arctique. Et surtout, s’il y a un problème, les Américains seront là pour nous sauver.

La bonne vieille naïveté canadienne. On s’émeut pour l’épave du HMS Erebus de Sir John Franklin, mais on oublie de se donner les moyens de défendre le territoire.

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