L’animatrice Joanne Boivin quittera bientôt les ondes après une carrière incroyable
Malgré une industrie en mouvement, la communicatrice a conservé un micro sans interruption pendant 45 ans


Jean-François Racine
Dans un milieu où les artisans de radio sont souvent assis sur un siège éjectable, l’animatrice Joanne Boivin quittera bientôt les ondes avec l’exploit inédit d’avoir eu un micro sans interruption pendant 45 ans.
La voix féminine radio la plus connue et la plus aimée à Québec annonce qu’elle quittera la radio à la fin de l’année 2024.
Cette longue aventure a commencé en avril 1979, dans la première station FM à ouvrir au Saguenay, CJAB. L’animatrice laissera son poste au FM 93 en juin, mais elle poursuivra ses émissions d’après-midi à Rythme jusqu’en décembre.
«Toute ma vie»
«Je n’ai jamais été éjectée! Ce fut 45 ans sans arrêt et ça fera sûrement drôle. C’est ma vie et je n’ai pas eu d’enfant en plus. La radio, c’était vraiment la priorité numéro un. Je ne sais pas comment je vais trouver ça», a-t-elle confié.
Pourquoi le faire maintenant alors qu’elle est toujours impliquée, généreuse et engagée dans diverses causes à Québec? Visible partout, elle est toujours une communicatrice incontournable.
«J’ai senti que c’était le temps. J’aurais dû tenter avant l’expérience du talk, de la radio parlée. C’est fini, c’est assez !», ajoute Joanne Boivin, qui reçoit déjà des plaisanteries liées à la «retraite ratée» de sa collègue Myriam Ségal, revenue rapidement au travail après une brève pause.
Si elle apprécie toujours le contact avec l’auditoire, les écouter et leur parler, l’animatrice ne veut plus d’émission quotidienne. Au cours de sa carrière, Joanne Boivin n’a jamais fait de nuit ou de fin de semaine, un fait extrêmement rare dans l’industrie. «J’ai été très privilégiée. Le secret, c’est d’aimer les gens. J’aime vraiment le monde. Et quand je vais avoir plus de temps, je vais continuer à m’impliquer», affirme la grande dame de la radio.

Savoir s’adapter
Si elle vient d’une époque où la diction et la qualité de la langue étaient primordiales, Joanne Boivin précise qu’elle a su s’adapter.
«L’exemple était Radio-Canada. Il faut adapter ton langage. La façon de faire du début des années 80 n’était pas du tout la même. Sans incorporer des anglicismes, il faut se tenir au courant. Il y a encore du talent, mais il y a moins de relève. La radio va se renouveler, mais j’ai peur de l’intelligence artificielle.»
Même si parfois la radio de Québec dérange et innove, l’audace de confier une émission de grande écoute à une femme n’est pas fréquente encore en 2024. Plusieurs ont également choisi de partir en raison de la faible sécurité d’emploi.
«C’est peut-être de notre faute. Les femmes sont peut-être moins gambler, plus craintives. On doit défoncer plus de portes. Si moi, j’ai eu peur de la radio d’opinion, il doit en avoir d’autres comme moi. J’ai bon espoir que ça pourra changer.»
Un long parcours en ondes
-Avril 1979, CJAB, Saguenay
-Septembre 1983, CIMF, Outaouais (Télémédia)
-Juin 1984, CHIK FM 98,9
-Janvier 1989, FM 93
-Février 1990, 22 ans à CITF, Rock Détente et Rouge
-Mai 2024, Rythme 102,9, Québec
-Mai 2024, FM 93
-Très impliquée avec le Centre des maladies du sein Deschênes-Fabia, l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, la Fondation le Petit Blanchon et les Anges du Bal.
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