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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

L'âme du PLQ, introuvable?

Salim Idrissi K.
Salim Idrissi K. Photo tirée de Twitter, @SalimIdrissi
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2023-04-04T04:00:00Z
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Si le PLQ « ne se réinvente pas et ne renoue pas avec son idéal historique, il ne serait pas exagéré de craindre sa disparition ».

C’est Salim Idrissi K., ancien conseiller politique libéral des années Charest et Couillard, qui concluait ainsi un percutant texte de blogue, samedi.

Texte qui fait comprendre à quel point la tâche du Comité de réflexion et de consultation sur la relance du PLQ (CRCRPLQ), annoncé la semaine dernière, a quelque chose de titanesque.

Idrissi, militant proche d’au moins un des 14 membres du comité (Antoine Dionne-Charest), appelait lui-même de ses vœux un exercice du genre.

Celui qui s’est « reconverti en professionnel des affaires publiques et gouvernementales » se montre franc, voire brutal dans ses constats. Le PLQ, selon lui, « traverse une profonde crise identitaire », est sur le « pilote automatique » depuis cinq ans.

Son caucus actuel, aux yeux d’Idrissi, forme une opposition officielle qui « échoue à trouver ses marques », « n’a pas d’âme », et dont les bons coups « reposent essentiellement sur les qualités intrinsèques de chaque député et non sur un idéal porté par la force d’un caucus uni autour d’une même conception du libéralisme ».

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Idrissi déplore aussi la stérilité des instances partisanes : « La commission politique du PLQ, du moins ce qu’il en reste, qui était autrefois un véritable laboratoire d’idées, est aujourd’hui en proie à un pragmatisme qui édulcore, voire dénature la philosophie libérale. »

  •  Écoutez Pierre Arcand, ancien député libéral de Mont-Royal–Outremont en entrevue au micro d' Antoine Robitaille, disponible en balado sur QUB radio :  

Plusieurs sens

Selon Idrissi, le PLQ a perdu de vue sa philosophie fondamentale : le libéralisme. Sa relance passerait donc par une redécouverte et une réactualisation de ses racines. C’est ainsi qu’il pourra se distinguer des autres partis.

Mais pour reprendre une question se trouvant au cœur du communiqué annonçant le CRCRPLQ, « que signifie être libéral au Québec en 2023 ? ».

Le mot libéral a tellement eu de sens différents depuis Locke et Montesquieu ! Et peut-être encore plus dans ses incarnations politiques québécoises... d’Henri-Gustave Joly de Lotbinière en 1867 à Dominique Anglade en 2022.

Les libéraux ont été tout et n’importe quoi ! Affairistes sous Gouin et Taschereau, sociaux-démocrates sous Godbout, Lesage et Bourassa I, néo-libéraux au début de Bourassa II. Anti-souverainistes depuis.

Pour Idrissi, qui dit libéral, dit liberté économique, idée « dont s’est éloigné le PLQ ». Plus fondamentalement, insiste-t-il, c’est la « liberté de l’individu », reniée selon lui dans les « positions pour le moins alambiquées du PLQ » sur les lois 21 (laïcité) et 96 (français).

L’ennui, c’est que sur le vieux continent, un libéralisme philosophique s’accommode très bien, jusque dans plusieurs jugements de la Cour européenne des droits de l’homme, avec des lois comparables à 21 et 96.

  •  Écoutez Joël Arseneau, porte-parole du Parti québécois en matière de Santé en entrevue au micro d' Antoine Robitaille, disponible en balado sur QUB radio :  

Le libéralisme n’est pas l’antithèse de la défense d’un sentiment d’appartenance, d’une nation. Idrissi semble le reconnaître pourtant puisqu’il reproche au PLQ d’entretenir une conception desséchée du fédéralisme, réduit à un simple « rejet de la séparation du Québec ».

Un fédéralisme plus riche devrait justement défendre l’idée d’une fédération « multinationale », où le Québec pourrait défendre son identité sans être assimilé constamment aux pires démons. Mais est-ce encore possible dans le PLQ d’aujourd’hui ?

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