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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

L’ADISQ est «très préoccupée» par l’arrivée de l’intelligence artificielle en musique

Des chansons de The Weeknd et Drake générées par l'intelligence artificielle ont connu un succès viral avant d'être retirées.
Des chansons de The Weeknd et Drake générées par l'intelligence artificielle ont connu un succès viral avant d'être retirées.
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Photo portrait de Raphaël Gendron-Martin

Raphaël Gendron-Martin

2023-04-21T20:01:49Z
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Les fausses chansons de Drake et The Weeknd générées par l’intelligence artificielle ont eu des échos jusqu’à l’ADISQ, qui se dit «très préoccupée par la situation, en particulier par l’utilisation de la voix de certains artistes sans leur consentement».

«Ces événements-là viennent nous donner raison sur la nécessité de revoir la Loi sur le droit d’auteur et d’y intégrer ces nouvelles technologies pour protéger les artistes. [...] Je pense que ça vient démontrer l’urgence de le faire. Il ne faut pas traîner», mentionne la directrice générale de l’ADISQ, Eve Paré.

Même si elle ne pouvait pas partager de position officielle du conseil d’administration de l’ADISQ « parce que c’est tellement récent dans l’actualité qu’on n’a pas eu le temps de s’asseoir et de le regarder», Eve Paré a accepté de commenter la situation au Journal.

«Il y a 100 000 chansons qui sont déposées sur les plateformes comme Spotify chaque jour. Donc c’est déjà excessivement difficile pour les artistes de se démarquer, de rejoindre leur public à travers cette abondance d’offre. Est-ce que les nouvelles technologies vont venir ajouter à l’offre et rendre encore plus difficile la connexion avec le public?» demande-t-elle.

«Aussi, comment faire pour savoir que c’est réellement l’artiste X qui a créé ce contenu-là? Ou est-ce quelqu’un d’autre qui essaie de se faire passer pour lui? Je pense qu’en l’absence de législation, les plateformes ont un rôle à jouer pour s’assurer de l’authenticité des contenus.»

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La directrice mentionne qu’il y a un peu moins de deux ans, l’ADISQ soulevait déjà des questions liées à l’intelligence artificielle. «Ce n’est pas d’hier qu’on s’intéresse à cela. Maintenant, les événements se bousculent un peu et on suit la situation de près. En même temps, on sait que c’est un enjeu éminemment complexe.»

Responsabilité éthique

Du côté de la SOCAN, le directeur exécutif des affaires du Québec, Alexandre Alonso, reconnaît que les technologies qui utilisent l’intelligence artificielle soulèvent des questions juridiques et éthiques. 

«La technologie en soi n’est pas bonne ou mauvaise. L’impact des technologies qui utilisent l’intelligence artificielle dépend principalement des intentions que l’on a et de l’usage qu’on en fait. Il s’agit davantage d’une question de responsabilité éthique et d’encadrement juridique que d’une lutte contre une technologie en particulier.»

La SOCAN fait partie des quelque 80 signataires de la campagne Human Artistry, qui vise à «faire la promotion d’un usage responsable et respectueux de la technologie, tout en valorisant en parallèle les possibilités d’avancer qu’elle pourrait permettre», mentionne M. Alonso.

Photo fournie par John Londono
Photo fournie par John Londono

Une autre tuile

Membre du comité de direction du Regroupement des artisans de la musique (RAM), David Bussières mentionne trouver «épeurante» l’arrivée de l’intelligence artificielle dans son milieu.

«Depuis les 10 à 15 dernières années, on dirait qu’il y a toujours une tuile qui tombe sur l’industrie de la musique, remarque celui qui fait aussi partie du duo Alfa Rococo. Il faut se réorganiser. Le streaming a changé notre façon de faire du marketing et de sortir notre musique. Là, avec l’intelligence artificielle, on dit que ça va redéfinir encore les contours de l’industrie.»

Par curiosité, David Bussières a essayé de faire des chansons avec des machines qui utilisent l’intelligence artificielle. «Ça n’a pas été très concluant, dit-il. Après ça, on peut le voir comme un nouvel outil, dans une certaine mesure. Mais de faire totalement confiance à ça pour créer complètement une chanson, c’est un peu trompeur.»

«On est encore dans les débuts de ça et c’est clair et net que dans trois ans, et peut-être avant, ce sera 100 fois mieux et on va être vraiment dans la merde!»

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