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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

L'accord Washington-Londres, le premier «de beaucoup d'autres», dit Trump

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AFP

2025-05-08T11:03:12Z
2025-05-08T13:11:09Z
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Donald Trump doit détailler jeudi les contours d'un accord commercial «total et complet» avec le Royaume-Uni, premier du genre depuis le lancement de sa guerre douanière, mais dont le périmètre reste encore très incertain.

• À lire aussi: Tarifs douaniers: accord aux contours flous attendu entre Washington et Londres

«L'accord avec le Royaume-Uni est total et complet, il cimentera la relation entre les États-Unis et le Royaume-Uni pour de nombreuses années», a lancé sur son réseau Truth Social le locataire de la Maison-Blanche, qui doit prendre la parole à 10 h (14 h GMT) dans le Bureau ovale.

Le porte-parole du premier ministre britannique Keir Starmer --qui doit lui aussi s'exprimer dans la journée-- a refusé de dire si ce dernier était d'accord avec l'affirmation selon laquelle l'accord est «total et complet».

Mais une source du gouvernement britannique a reconnu qu'il ne s'agissait pas d'un accord de libre-échange à part entière, plutôt d'un «document de conditions générales» établissant des compromis, ainsi qu'un cadre pour des discussions approfondies plus tard --en particulier sur le secteur pharmaceutique.

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Sous le couvert d'anonymat, elle a précisé que l'accord se concentrait sur des secteurs spécifiques, notamment les droits de douane de 25% appliqués sur l'acier mais surtout l'automobile.

Les prestigieux constructeurs automobiles britanniques, comme Bentley, Aston Martin ou Jaguar, sont en toute première ligne, les États-Unis étant leur premier marché hors UE en 2024 (9 milliards de livres, 27,4% des exportations).

«Limitation des dégâts»

Londres discute depuis plusieurs semaines avec les Américains dans l'espoir de réduire les surtaxes douanières sur ses exportations vers les États-Unis, majoritairement taxées à hauteur de 10%.

Un tel accord est une première depuis que Donald Trump a imposé au monde entier des droits de douane sur les biens importés par les États-Unis, avant de faire en grande partie marche arrière devant le bouleversement de l'ordre économique international.

Washington mène des discussions de ce type avec plusieurs autres pays et Donald Trump a promis que «de nombreux autres accords (...) suivront». L'ouverture ce week-end en Suisse de discussions avec la Chine est très attendue.

Interrogé par l'AFP sur l'accord avec les États-Unis, Jonathan Portes, économiste au King's College de Londres, n'imagine rien d'autre qu'«une opération de limitation des dégâts» pour le Royaume-Uni et certainement pas «un véritable coup de pouce à l'économie». Même si, reconnaît-il, «il s'agira clairement d'un soulagement pour les entreprises».

Les concessions du gouvernement britannique seront scrutées de près, en particulier s'il a accepté d'alléger sa taxe numérique --qui cible les géants américains et rapporte 800 millions de livres par an-- au moment même où il réduit les allocations sociales pour équilibrer son budget.

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Les travaillistes n'ont jamais démenti la présence sur la table des négociations de cette taxe à haute valeur symbolique, surtout pour Donald Trump, dont les grands patrons américains de la tech sont devenus les proches alliés.

Sky News évoque des concessions en matière agricole.

Sommet avec l'UE

«J'agirai toujours dans notre intérêt national, pour les travailleurs, les entreprises et les familles», a promis Keir Starmer jeudi, deux jours après avoir annoncé un accord commercial avec l'Inde.

Le Royaume-Uni, qui a regagné son autonomie commerciale depuis son départ de l'UE en 2020, a toujours pris soin d'épargner dans ses commentaires l'imprévisible président américain, tout comme il s'est gardé de menacer Washington d'une quelconque réplique à ses droits de douane.

Le pays bénéficie du fait que le commerce bilatéral de biens est resté à l'équilibre en 2024, selon des statistiques officielles, le Royaume-Uni ayant importé pour 57,1 milliards de livres de produits américains, pour 59,3 milliards d'exportations.

La balance commerciale penche cependant largement en faveur de Londres en matière de services, secteur pour l'instant en marge de la guerre commerciale.

Si les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni, ils restent loin derrière l'UE.

La ministre britannique des Finances Rachel Reeves a d'ailleurs récemment souligné que la relation commerciale avec Bruxelles était «sans doute encore plus importante» qu'avec les États-Unis.

Londres accueillera le 19 mai les présidents des institutions de l'UE, premier sommet de ce type depuis le Brexit.

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