Décès d’un signaleur: un accident qui aurait pu être évité, selon le coroner
Agence QMI
L’augmentation des amendes pour les conducteurs et l’abaissement de la vitesse autorisée dans des zones de travaux font partie des recommandations apportées par le Bureau du coroner après le décès «accidentel» d’un signaleur routier en avril 2021, dans le Centre-du-Québec.
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Le 8 avril 2021, Pascal Cauchon et son équipe installaient des dispositifs de signalisation sur l’autoroute Jean-Lesage (autoroute 20) en direction est, dans la municipalité de Saint-Cyrille-de-Wendover. Selon le rapport du coroner, un véhicule de protection muni d’un atténuateur d’impact était immobilisé dans la voie de droite pour indiquer aux usagers de la route de changer de voie.

Vers 13h, le conducteur d’un camion circulant dans la même voie a heurté le véhicule de protection avant de perdre le contrôle de son train routier.
M. Cauchon qui se trouvait dans sa trajectoire a été happé mortellement. L’homme de 39 ans est décédé d’un polytraumatisme sévère. «Il s’agit d’un décès accidentel», a conclu le rapport du coroner Yvon Garneau, mandaté pour faire la lumière sur cet accident.
Selon M. Garneau, une surveillance policière lors des travaux de mise en place de l’installation de la signalisation «aurait été une mesure efficace afin que les installateurs et leur superviseur œuvrent dans des conditions de sécurité accrue».
«J’ignore encore pourquoi ce n’était pas le cas à ce moment-là. L’employeur (Location Jesna inc.) m’a pourtant bien expliqué que différentes ententes existent déjà entre le MTQ et la SQ à ce sujet», peut-on lire.
Plusieurs interventions demandées
«Il est impératif qu’on mette en branle toutes les interventions (ministère, police, médias et l’ensemble des travailleurs) qui pourraient diminuer tous les risques. M. Pascal Cauchon, je le redis autrement, n’avait pas à perdre sa vie à son travail», a également écrit le coroner.
Ainsi, le coroner conseille à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) d’«intensifier» ses efforts d’éducation auprès des conducteurs de véhicules sur «l’importance de respecter le corridor de sécurité mis en place lors de travaux sur le réseau routier».
M. Garneau recommande également au ministère des Transports du Québec (MTQ) d’installer un panneau à messages variables le plus près du chantier et d’annoncer 24 heures à l’avance et en temps réel toute entrave de voie.
Le MTQ devrait également «se concerter avec la Sûreté du Québec pour une surveillance policière accrue» durant l’installation et l’enlèvement des dispositifs de signalisation.
Le coroner demande d’abaisser la vitesse à 70 km/h pour les travaux de courte durée et d’augmenter les amendes et les points d’inaptitude des conducteurs de véhicules lors du non-respect du corridor de sécurité mis en place lors de travaux.
Enfin, le MTQ et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) devraient aussi «poursuivre et intensifier les efforts» en matière d’éducation et de sensibilisation pour renforcer la sécurité des travailleurs.
Un premier pas, selon l’ATSRQ
De son côté, l’Association des Travailleurs en Signalisation routière du Québec (ATSRQ) a salué les recommandations émises par le coroner.
Elle a toutefois déploré que le conducteur du train routier n’ait jamais reçu de constat d’infraction ni dû faire face à des accusations criminelles.
«Il était supposé de rouler à 90, il roulait 100 km/h. Le camionneur avait le temps, il avait la vision libre, ce n’est pas normal que le chauffeur n’ait rien eu», a expliqué le président de l’ATSRQ, Jean-François Dionne.
Selon lui, la sécurité des travailleurs serait mieux garantie par une surveillance policière du début des chantiers jusqu’à la fin.
«Avoir eu un char de police sur le chantier de Pascal, ça ne serait pas arrivé cet accident-là», a ajouté le président, qui demande même que les points d’inaptitude passent de trois à six pour un automobiliste qui ne respecterait pas le corridor de sécurité.
– Avec des informations d'Amélie Simard-Blouin, TVA Nouvelles