«Krystel et Éloi en tournée» : Entre puissance et charisme

Samuel Pradier | Agence QMI
La tournée de Krystel Mongeau et Éloi Cummings, la gagnante et le finaliste de «Star Académie», était de passage à Brossard, ce vendredi. Une soirée parfaite pour replonger dans la nostalgie de cette émission que l’on a suivi passionnément à l’hiver 2022.
Dès l’ouverture du rideau, le duo reprend la chanson-thème, «Changer le monde», tout en esquissant la chorégraphie originale. C’est sûr qu’à deux, c’est moins impressionnant que lorsqu’on voyait toute la «gang»s’exécuter, mais l’illusion est parfaite.
En la voyant se démener sur scène, on comprend pourquoi le public a finalement voté en masse pour Krystel Mongeau. Cette chanteuse a vraiment de la voix, et elle l’utilise avec dextérité, puissance et profondeur. Elle a donné toute l’énergie que méritait «Ce soir on danse à Naziland», après avoir fait «I Want Let Go», chanson qu’elle avait interprétée lors de la finale de la «Star Ac».
La Sherbrookoise de 26 ans, dont on attend le premier album d’ici la fin de l’année, fait plus tard un sans-faute avec «River Deep - Mountain High», de Tina Turner.
Sur scène, Éloi Cummings a de son côté un charisme inexplicable. Le jeune madelinot de 17 ans reste un peu gauche, il bouge bizarrement, mais il connecte facilement et immédiatement avec le public. Quand il se fait apostropher par une personne dans la salle qui lui déclare son amour, on sent sa pudeur naturelle, et cette vulnérabilité est charmante.
Qu’il interprète du Paul Piché ou du Justin Timberlake en s’accompagnant à la guitare, il se passe quelque chose. Son innocence est touchante, mais son potentiel est énorme. Il est clair qu’en prenant de l’âge et de la maturité, il n’a pas fini de nous surprendre. Il aurait toutefois mérité de chanter des chansons plus proches de lui ou de sa génération.
Points communs
Outre une passion pour les chips au ketchup, les deux artistes ont un autre point commun très fort, la musique country dans laquelle tous les deux ont baigné.
Ils font une très belle reprise de «Take Me Home Country Road», avant de s’amuser sur «Jolene», de Dolly Parton, et d’enchainer avec l’entrainant «Ring of Fire», de Johnny Cash. Ce segment country est d’ailleurs beaucoup trop court. On en aurait pris plus, d’autant plus que certaines autres reprises étaient inutiles et maladroites.
Le choix des chansons des medleys en duo manque cruellement d’originalité. «Le blues de la métropole», «Provocante» ou «En deux joints» paraissent plutôt incongrus à chanter pour des jeunes nés à la fin des années 1990 ou début 2000. Heureusement, les deux artistes ne s’en sortent pas trop mal, mais on sent bien qu’ils ne sont pas en connexion totale avec ce qu’ils chantent.
Leur duo avec «Shallow», plus contemporain, s’est révélé sensible et touchant, Krystel tout en force, et Éloi dans la retenue et la sensibilité. Un très beau numéro.
Si les deux chanteurs savent occuper l’espace et mettre de l’ambiance, ils semblent un peu seuls entourés de seulement trois musiciens. On les a connus en groupe, et ça fait bizarre de les retrouver tout seuls. Autre irritant de la soirée, la pause de vingt minutes au milieu de la veillée, le meilleur moyen pour casser l’ambiance.
La tournée de Krystel et Éloi se poursuit jusqu’à la fin du mois de mai, dont le 27 mai au Casino de Montréal. Toutes les dates se retrouvent sur le site musicorspectacles.com.