Kruger ferme son usine de Brompton
Martin Jolicoeur
Six mois après avoir interrompu sa production dans la foulée de la pandémie, la montréalaise Kruger a annoncé, lundi, la fermeture définitive de son usine de pâtes et papiers de l’arrondissement Brompton, à Sherbrooke, mettant au chômage presque 200 travailleurs.
« Je vous dirais franchement que je ne sais pas vraiment ce qui nous attend. Des emplois pareils, bien payés comme nous l’étions, ça ne court vraiment pas les rues dans la région », a confié au Journal, encore sonné, le président du syndicat des travailleurs de l’usine affilié à la CSN, Sébastien Carrier-Provencher.
Des générations de travailleurs
Qualifiant les conditions du marché de « défavorables », l’entreprise s’est dite « contrainte de fermer » cette usine, la plus ancienne de son portefeuille.
Construite au début des années 1900, cette dernière avait été achetée par Kruger il y a 70 ans. Au moins quatre générations de travailleurs de la région s’y sont succédé depuis.
Spécialisée dans la production de papier journal, l’entreprise avait entamé un processus de conversion vers le papier de spécialité (emballage). Mais, selon son v.-p. principal, Jean Majeau, la vitesse d’effondrement du papier journal (22 % en un an) n’aura pas donné le temps au papier de spécialité d’atteindre le potentiel espéré.
De l’aide de l’État
Outre les 189 mises à pied, la fermeture aura pour effet de retrancher 100 000 tonnes de papier journal et 70 000 tonnes de papiers de spécialité de la production annuelle de Kruger.
L’entreprise continuera de chauffer ses installations cet hiver, laissant entendre, sans s’y engager, que l’usine pourrait trouver une autre vocation.
« Nous sommes encore en discussion avec le gouvernement du Québec. Mais nous n’avons pas encore de projets à annoncer », a déclaré M. Majeau.
En 2018, Investissement Québec a accordé une débenture convertible de 105 millions de dollars à Kruger pour la construction d’une nouvelle usine de fabrication de papier tissu, également à Brompton. L’usine doit permettre l’embauche de 180 travailleurs. Du nombre, par contre, seuls cinquante sont issus de l’usine de papier journal aujourd’hui fermée.