Kim Thuy aime-t-elle encore le Québec?


Sophie Durocher
Il paraît que Kim Thuy vit une «peine d’amour» avec le Québec. Tellement qu’elle a songé à quitter le Québec. Je me demande bien où Kim Thuy pourrait déménager pour trouver un endroit plus tolérant et plus accueillant avec les immigrants et les réfugiés.
Quel désamour?
En faisant la promotion de sa pièce de théâtre Am (qui joue au TNM), Kim Thuy multiplie les déclarations incendiaires au sujet du Québec.
Elle a déclaré à Radio-Canada: «On entend le discours politique et ça nous rentre dans le corps sans s’en rendre compte. Quand on nous dit: "Oui, vous avez peur des immigrants", puis on vous le répète tout le temps, puis c’est eux les problèmes, ou c’est eux la cause de tous vos problèmes, ben on finit par le croire».
Je comprends que, comme écrivaine, Kim Thuy vit dans un monde imaginaire, mais ce serait bien que des fois elle se concentre sur les faits. Le 18 janvier, La Presse titrait: «Seuils d’immigration et logement: les fonctionnaires d’Immigration Canada ont sonné l’alarme dès 2022». On y apprenait que «des chercheurs et fonctionnaires, preuves à l’appui, ont mis en garde le gouvernement Trudeau: les seuils d’immigration compliquent une crise du logement déjà très installée».
Dans une autre entrevue à Radio-Canada, l’écrivaine affirme: «On croit qu’on n’a jamais reçu d’immigrants arrivant en grand nombre d’un seul coup. Je voulais nous rappeler à tous qu’on a déjà su accueillir les nouveaux arrivants et qu’on est capable de cette générosité, de cette beauté». Comme si on n’était plus généreux! Comme si on était rendus laids!
Kim Thuy se trompe dans ses chiffres. L’accueil des réfugiés dans les années 70 n’a rien à voir, de près ou de loin, avec les chiffres débridés de l’immigration de masse des dernières années!
Kim Thuy se plaint que le regard des Québécois sur elle a changé et qu’elle ne se sent plus comme un membre de la famille. C’est pour ça qu’elle vit une «peine d’amour» et qu’elle a songé à quitter le Québec.
Mais quel est donc ce mauvais traitement qu’on lui inflige?
Est-ce parce que, le 26 mai 2025, on lui a décerné l’insigne de l’Ordre de Montréal?
Est-ce le fait qu’en 2024, l’Université du Québec à Rimouski lui a remis un doctorat honoris causa pour souligner «son engagement pour l’inclusion»?
Ou est-ce le fait qu’en 2022, Kim Thuy a été la présidente d’honneur du jury du prix Ulrick-Chérubin, «qui récompense les municipalités qui contribuent de manière significative à l’accueil, à l’intégration et à l’inclusion des personnes immigrantes au Québec»?
Est-ce parce qu’elle a été faite compagne de l’Ordre des arts et des lettres du Québec (2019) ou qu’elle a reçu la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale (2017)?
Le message d’AM
La déclaration de Kim Thuy qui me dérange le plus est peut-être celle-ci: «Quand on ouvre les bras, l’autre aussi va ouvrir ses bras. Quand on est porté par l’autre, on grandit beaucoup plus, on devient plus que qui on est. C’est le message politique de la pièce».
Se plaindre que les Québécois n’ouvrent pas suffisamment les bras alors qu’ils les ont ouverts si grands pour Kim Thuy, je ne trouve ça ni beau ni généreux. Je trouve ça... ingrat.