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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Kim Clavel: la boxeuse qui allait à l’école à cheval

La Québécoise a connu une enfance avec des hauts et des bas qui ont forgé son caractère

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Mylène Richard

2023-04-20T19:14:26Z
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«Ma mère venait nous chercher à cheval à l’école des fois.» Il ne s’agit pas d’une citation d’Émilie Bordeleau, mais bien de Kim Clavel. Issue d’un milieu modeste, la boxeuse de 32 ans a vécu des situations hors du commun pour une jeune Québécoise.

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«On embarquait sur le cheval et on retournait à la maison», a-t-elle récemment confié en toute humilité à Stéphan Bureau, animateur du balado Contact sur QUB radio.

«Ma mère jouait au baseball et on y allait à cheval. On avait une mascotte, c’était notre chèvre. J’étais fière de ça, je trouvais qu’on était uniques, qu’on était cool, que ma mère n’était pas comme les autres», a ajouté celle qui a grandi dans la campagne de Saint-Calixte, une municipalité de Lanaudière où vivent aujourd’hui 7000 âmes.

«Les garçons riaient de moi»

Le parcours de Clavel vers la boxe n’a pas toujours été rose ni orthodoxe. Les combats de l’ancienne championne du monde ont commencé bien avant qu’elle ne grimpe dans le ring. 

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Ses années au primaire se sont bien déroulées, avec la belle naïveté de l’enfance. Rapide et talentueuse dans les sports, Clavel était souvent choisie la première dans les équipes sur la cour d’école.

«Mais quand tu arrives au secondaire, courir vite, ça ne fonctionne plus, a-t-elle raconté. Je n’étais pas au goût du jour. J’avais les cheveux courts, je ne m’habillais pas avec des vêtements de marque. Je ne connaissais pas ça. On n’avait pas de sous. [...] Les filles s’aplatissaient les cheveux, il y avait du maquillage. Je n’avais jamais vécu ça.» 

«Les garçons riaient de moi, ils me disaient que je n’étais pas jolie. [...] Ça, ça t’affecte quand tu es jeune.» 

Kim Clavel (à droite) a perdu sa couronne WBC des mi-mouches face à la Mexicaine Yesica Nery Plata, le 13 janvier, à Laval.
Kim Clavel (à droite) a perdu sa couronne WBC des mi-mouches face à la Mexicaine Yesica Nery Plata, le 13 janvier, à Laval. Photo Martin Chevalier


La jeune et petite Kim – elle mesure aujourd’hui 5 pi et 1 po – a tenté de se réfugier dans le sport, où elle performait, notamment au basketball. Mais faute d’argent, elle n’avait pas de shorts ni de souliers de basket, ce qui alimentait les moqueries.

Puis, la boxe est arrivée dans la vie de l’adolescente de 15 ans. Un coup de foudre. Sa vie a changé. Elle a appris la discipline, a pris confiance et a fait des rencontres extraordinaires. 

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Un poisson qui meurt de froid

Malgré cette passion en pleine éclosion, sa vie quotidienne n’était pas simple et elle était surtout inhabituelle pour une ado.

«À 16 ans, j’habitais seule avec ma sœur. Ma mère a fait une grosse dépression quand j’avais 15-16 ans. Elle a pris de mauvaises décisions. À ce moment-là, ma mère a dû quitter [la maison] pour aller prendre soin d’elle.»

«J’ai habité dans un sous-sol, je louais une petite chambre avec ma sœur. Il faisait tellement froid, le poisson de ma sœur est mort gelé. Il n’y avait presque pas de courant, on prenait notre douche ensemble, car on voulait être sûres d’avoir un peu d’eau chaude.»

Disons que ça forge un caractère. Ce qui lui a permis de plus tard finir ses études secondaires et de devenir infirmière auxiliaire, et qui l’a menée au sommet l’été dernier quand elle est devenue championne du monde WBC des mi-mouches (108 lb).

«Je devais mentir à mon entraîneuse. Je lui disais: “Danielle [Bouchard], je travaille ce soir, je ne peux pas aller au gymnase”. Mais ce n’était pas vrai, je n’avais pas 5$ pour mettre de l’essence dans ma voiture. J’avais patenté des pneus autour d’un arbre pour boxer. Je ne voulais pas négliger mon entraînement parce que je n’avais pas de sous», a relaté celle qui peut maintenant vivre de son sport.

Kim Clavel lors d'une conférence de presse à la Place Bell de Laval, le mardi 4 avril dernier.
Kim Clavel lors d'une conférence de presse à la Place Bell de Laval, le mardi 4 avril dernier. Photo Agence QMI, Joël Lemay

Relations toxiques

Sur le plan personnel, Clavel a vécu des «relations toxiques». Elle avait un «pattern» avec ses chums. La seule chose qui était stable dans sa vie, c’était la boxe. C’est peut-être pour cette raison qu’elle est célibataire.

«Je ne peux rien laisser au hasard. Imagine que je rencontre quelqu’un, c’est l’amour, ça va bien, et là, il arrive quelque chose, j’ai de la peine. Je n’ai pas envie d’être distraite. [...] Ça va trop me prendre d’énergie, ça va jouer dans ma tête. Je ne prends pas le risque en ce moment.»

On comprend que Kim Clavel (16-1, 3 K.-O.) est entièrement dédiée à son prochain combat, qui a été reporté au 12 mai à la Place Bell de Laval, face à la Mexicaine Naomi Arellano Reyes (9-2, 5 K.-O.). La honte d’avoir perdu sa ceinture en janvier est derrière elle. Elle entame donc avec sérénité la route vers la reconquête de son titre échappé.

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