Kim Boutin fait l’impasse sur le 500 m à Montréal

Richard Boutin
Toujours parmi les favorites au 500 m, Kim Boutin a eu un petit pincement au cœur de ne pas prendre le départ de son épreuve de prédilection, vendredi à Montréal, lors du coup d’envoi de la Coupe du monde de patinage de vitesse courte piste, mais elle estime que c’est la meilleure décision à long terme.
«J’aurais aimé prendre le départ du 500 m surtout que la Coupe du monde a lieu à la maison, mais je dois voir à plus long terme, a expliqué la quadruple médaillée olympique. Je dois améliorer mes faiblesses afin d’être à mon meilleur dans quatre ans aux Jeux de Cortina. De courir deux 1000 m la même fin de semaine permet de maximiser l’apprentissage.»
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Qualifiée pour la ronde quart de finale dans les deux épreuves de 1000 m, Boutin ne fait toutefois pas une croix sur le sprint.
«Je n’oublie vraiment pas le 500 m, a-t-elle assuré. Je vais en faire un sur deux la semaine prochaine à la Coupe du monde de Salt Lake City. Ça serait cool de remporter le Globe Cristal, mais c’est zéro dans ma vision. Mon focus est de travailler mes faiblesses pour m’aider à performer le mieux possible à long terme.»
Pour souligner le 25e anniversaire de la Coupe du monde qui a débuté en 1998, l’ISU (International Skating Union) a en effet lancé le Globe Cristal que l’on retrouve dans les disciplines alpines. Il s’agit du huitième arrêt dans la métropole, le premier ayant eu lieu en octobre 1998.
Gagnon surpasse ses attentes
Claudia Gagnon n’a pas raté son retour en Coupe du monde alors que les épreuves de qualifications étaient à l’honneur pour briser la glace. À sa première présence en Coupe du monde depuis la saison 2019, la patineuse de La Baie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, a obtenu son billet pour la ronde quart de finale dans les deux épreuves de 1000 m.
«Ça s’est très bien passé, même au-delà de mes espérances, a affirmé Gagnon. J’ai obtenu la confirmation que j’étais plus forte qu’il y a deux ans et demi. J’avais confiance en mes moyens, mais il y a toujours des doutes parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas patiné en Coupe du monde. J’ai montré que j’étais au même niveau que les autres filles.»
Membre de l’équipe du relais mixte qui s’est qualifiée pour la demi-finale, Gagnon espère prendre le départ aussi du relais 3000 m, samedi.
«J’adore le relais et c’est l’une des épreuves que je préfère. Le travail en équipe, ça vient me chercher.»
Retour réussi
À son retour à la compétition après avoir soigné une blessure à une cheville, Jordan Pierre-Gilles a réussi à se qualifier pour les rondes quart de finale du 500 m et du 1000 m.
«Ce n’est pas encore à 100 % et j’ai fait preuve d’une certaine prudence, mais c’est vraiment mieux, a-t-il souligné. Il y a un manque de mobilité dans certaines circonstances, mais ce n’est pas inquiétant.»
«J’ai eu une perte d’équilibre au départ du 500 m en préliminaires, mais ce n’est pas relié à ma blessure, de poursuivre Pierre-Gilles. C’est plutôt un ajustement sur mes lames qui a causé la situation. Quant à l’accrochage avec le Polonais, je n’étais pas inquiet. J’étais confiant d’être avancé en quart de finale, même si ce n’est pas la façon que tu veux passer.»
Baptême international
Mathieu Pelletier a été servi à souhait dans sa première épreuve internationale. Impliqué dans une chute à quatre dans sa ronde de qualification du 1000 m, les cinq patineurs ont repris la course.
«Les gens criaient et j’ai ressenti des frissons au départ, a raconté le patineur de 16 ans, le plus jeune Canadien à s’élancer en Coupe du monde depuis 1999 et le deuxième plus jeune de l’histoire canadienne. J’ai commis des petites erreurs et ce fut plus difficile comme course. J’avais moins de jambes lors du deuxième départ.»
S’il devra passer par le repêchage sur 1000 m samedi matin, Pelletier a obtenu son billet directement sur 500 m.
«J’avais mal au ventre et je ne me sentais vraiment pas bien, a-t-il raconté, mais j’ai pris un médicament et tout est rentré dans l’ordre au départ. Je veux continuer à faire de mon mieux.»
La vitesse pure n’est plus le seul facteur qui procure le succès
Dominant sur la scène internationale lorsque le patinage de vitesse courte piste a fait son entrée dans le giron olympique en 1988 à Calgary comme sport de démonstration, le Canada doit maintenant innover pour suivre le rythme avec les meilleures nations.
L’embauche de l’Olympien Olivier Jean comme tacticien pendant la période estivale se veut une réponse à cette nouvelle tendance dans le patinage courte piste, qui mise dorénavant de plus en plus sur des spécialistes.
«Le style canadien a toujours été de courir en avant et d’aller vite, a-t-il expliqué. Le sport s’est démocratisé avec la présence de plusieurs pays qui peuvent se battre pour les podiums, et tu ne peux plus dominer uniquement avec la force brute. Il y a maintenant plus d’astuce. L’émergence de nouveaux pays démontre que le sport est plus en santé.»
«Notre discipline a été influencée par le sport professionnel où les stratégies et les analyses jouent un grand rôle, de poursuivre Jean. Au Canada, l’arrivée de Marc [Schryburt] comme directeur de la haute performance a accéléré ce processus. C’est un ancien entraîneur de football, et un de ses premiers constats a été de réaliser que nous ne sommes pas un sport uniquement de vitesse, mais aussi un sport de décision.»
Deux éléments clés
Médaillé d’or au relais 5000 m des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver, Jean vit en fin de semaine sa première Coupe du monde dans son nouveau rôle. Deux éléments sont primordiaux à ses yeux.
«La prise de décision et l’exécution sont les deux aspects sur lesquels je travaille. Tu dois être capable de prendre la bonne décision et d’exécuter. Les clubs canadiens doivent travailler ces aspects à un plus jeune âge. À une époque, nos athlètes patinaient tout croche, mais ils arrivent prêts techniquement avec l’équipe canadienne.»
Lors des nationaux à Québec du 14 au 16 octobre et avant le début de la Coupe du monde, l’entraîneur-chef Sébatien Cros a souvent parlé des stratégies que devaient adopter ses étoiles Kim Boutin et Steven Dubois.