Kevin Parent: le pigeon fragile de TLMEP


Sophie Durocher
Dimanche dernier, en recevant Kevin Parent à Tout le monde en parle, Guy A. Lepage a raconté que plusieurs personnes n’étaient pas contentes que le chanteur soit invité à l’émission.
Mais qui sont ces gens qui ne veulent même pas qu’un gars qui célèbre ses 30 ans de carrière puisse parler à son public?
Kevin Parent a-t-il été trouvé coupable par une cour de justice? A-t-il un casier judiciaire? A-t-il fraudé le fisc? Arnaqué des innocents? Est-il un influenceur malfaisant?
Pourquoi la petite Police de la bienséance aurait-elle droit de décider qui est «digne d’apparaître à la télévision» et qui est un «paria ou une persona non grata»?
C.....ez-nous la paix!
Je me rappelle un chroniqueur qui considérait que Djemila Benhabib n’aurait dû être invitée à TLMEP qu’à condition que quelqu’un d’autre soit présent pour la confronter.
Je me rappelle une chroniqueuse qui était outrée que Maripier Morin ait été conviée aux auditions pour le rôle de ministre de la Culture dans le film Arlette.
Je me rappelle cette autre chroniqueuse qui était scandalisée que j’invite à QUB radio l’humoriste Julien Lacroix.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Sophie Durocher, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Et je me souviens que la semaine dernière, un professeur très populaire sur les médias sociaux s’est étranglé quand il a su que j’avais invité le mâle alpha Julien Bournival.
Misère! On invitera bien qui on veut!
Inviter quelqu’un à son émission ne signifie pas que l’on cautionne ses propos. Offrir une tribune à quelqu’un ne signifie pas qu’on l’endosse, qu’on l’aime ou qu’on va aller prendre une bière avec lui après. Ça signifie seulement qu’on considère que le public a le droit d’entendre les deux côtés d’une histoire.
Et ça signifie surtout qu’on considère que le public est assez intelligent pour se faire sa propre opinion, une fois qu’il est placé devant les réponses d’un invité.
Maintenant, qu’est-ce que j’ai pensé de l’entrevue/malaise de Kevin Parent dimanche soir?
Certains ont reproché à Kevin Parent d’avoir été nerveux. Heu... vous êtes convié à un tribunal populaire, devant minimum un million de personnes, sur un terrain hostile. Avec un fou du roi, Jean-Sébastien Girard, qu’on a vu très clairement placer une serviette sur son verre. Même le communicateur le plus aguerri aurait bafouillé et demandé: «J’ai besoin d’une minute...»
On l’accuse de ne pas avoir répondu clairement aux questions. Pourtant, il a été très clair. A-t-il grainé? Oui. En public, dans un bar? Non. Jamais.
Vous vouliez quoi, bordel!? Qu’il s’autoflagelle en direct?
Le juge en chef
Imaginons un instant que Guy A. Lepage et le fou du roi aient été aussi insistants avec un autre invité qui aurait commis une erreur de jeunesse. Imaginons par exemple qu’ils aient reçu Justin Trudeau et qu’ils aient passé la moitié de l’entrevue à lui parler de ses trois blackfaces. Imaginons qu’ils l’aient talonné, sans le laisser respirer. On peut bien l’imaginer, ça ne serait jamais arrivé.
Pour que ce soit clair: je ne dénonce pas le style d’entrevue que Guy A. Lepage a faite dimanche dernier.
Je me demande seulement pourquoi la méthode Lepage n’est pas appliquée de façon égale à tous ses invités qui ont fait des bêtises.
Kevin Parent était très fragile. Je comprends qu’il se soit senti comme un pigeon.